Cinquante ans après mai 68, les sociologues, les historiens et les journalistes s’interrogent sur ce que ce mouvement contestataire a pu engendrer comme changements dans la société, dans les entreprises et dans les familles. Une série d’enquêtes menées par Opinion Way pointe que pour 79% des 18-30 ans, cette période agitée de l’histoire de notre pays a eu des effets positifs sur la société, en matière de libération notamment : libération de la femme, libération des mœurs, etc.. Pour autant, seuls 11% des jeunes sondés déclarent rêver de cette époque. Pour ceux qui ont connu mai 68, les appréciations demeurent cependant mitigées, selon où chacun se trouvait à l’époque… certains louant l’esprit libertaire d’alors, d’autres se désolant de voir l’autorité bafouée.

L’année 1968 marque aussi le triste rappel de l’assassinat du pasteur baptiste Martin Luther King le 4 avril. Concluant La force d’aimer, ouvrage significatif de sa pensée, Martin Luther King Jr adresse une lettre imaginaire et originale. L’Épître de Paul aux chrétiens d’Amérique est un résumé vibrant de son éthique sociale où il rappelle sa conviction que la non-violence est la seule arme efficace face au racisme, à la ségrégation, à l’exploitation économique. Des combats qui malheureusement, sont toujours d’actualité ! L’exposition produite par l’association “MLK 50 ans après” tourne actuellement partout en France, et en particulier dans nombre de nos lieux de témoignage. Une belle occasion de mettre en avant les valeurs de l’Évangile et de rappeler que la liberté de conscience est un fondement de l’identité baptiste !

En écho à la thématique que nous avons choisi dans notre famille d’Églises pour cette année 2018, “Construire l’Église ensemble”, je retiens de ces deux cinquantenaires l’importance du collectif pour mener à bien rêves et projets. L’expo MLK50 le montre bien : sans la mobilisation persévérante de femmes et d’hommes de conviction, le message de Martin Luther King n’aurait jamais porté et influencé comme ce fut le cas. Pour mai 68, de nombreuses analyses ont récemment montré que le mouvement, bien qu’à l’origine étudiant, a bénéficié d’une extraordinaire mobilisation de tous les corps de la société.

Pour réussir une entreprise, de construction en particulier, plusieurs corps de métier doivent être mobilisés, accompagnés et coordonnés. L’édifice spirituel qu’est l’Église de Jésus-Christ n’échappe pas à ce principe d’efficacité et de pérennité. Le dossier élaboré sur ce thème par le Département Formation de la FEEBF apporte de nombreuses pistes intéressantes à creuser seul ou en communauté. N’hésitez pas à l’utiliser !

Si la Mission d’annoncer l’Évangile est au cœur de la dynamique de notre Fédération baptiste, le collectif est le bien le plus précieux et un des moyens les plus efficaces pour réussir ensemble. Le Congrès annuel de la FEEBF est le lieu privilégié du rappel de cette réalité, mettant en avant réalisations, réflexions, enjeux et défis que ses Églises ont décidé de porter ensemble. Le dossier du Congrès en est une belle et riche expression. Le Coutumier de la Fédération baptiste, qui reprend textes officiels et textes de référence, donne le ton dans le préambule des Statuts de la FEEBF.

“Aucune Eglise n’ignore non plus que l’union fait la force et qu’en s’associant avec ses sœurs, elle peut, de concert avec elles, entreprendre certaines œuvres importantes que, seule, elle serait incapable de mener à bien, en particulier une œuvre de mission intérieure.”

Certes, des tensions peuvent exister au sein d’un collectif, que ce soit dans la communauté locale ou dans une expression d’unité élargie comme une Union d’Églises. Toutes ces pierres qui sont nos différences peuvent faire notre force ! Toutes ces pierres que sont nos Églises ! Toutes ces pierres que sont nos projets particuliers ! Toutes ces pierres que sont nos pensées, nos réflexions ! Rassemblons-les pour en faire un édifice qui serve la Gloire de Dieu !

“On peut aussi bâtir quelque chose de beau avec les pierres qui entravent le chemin.” Goethe

“L’Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; elle se construisait et elle marchait dans la crainte du Seigneur ; réconfortée par l’Esprit Saint, elle se multipliait.” Actes 9:31

Marc DERŒUX
Secrétaire général