Accepter naïvement et simplement la conversion au christianisme de son épouse quand on est journaliste d’investigation et athée convaincu… le défi peut s’avérer trop difficile à relever. C’est le point de départ du témoignage de Lee Strobel raconté dans le best-seller « The Case for Christ » sorti en 1998 que le réalisateur américain Jon Gunn vient d’adapter au cinéma, exposant là les questionnements possibles sur les preuves de la Résurrection du Christ. En salle le mercredi 28 février.

Lee Strobel, journaliste d’investigation au Chicago Tribune et athée revendiqué, est confronté à la soudaine conversion de son épouse au christianisme. Afin de sauver son couple, il se donne l’ambition de prouver que Jésus n’est jamais ressuscité… Commence alors une enquête menée par un homme intelligent et déterminé à prouver le mensonge sur lequel une partie de l’humanité se fonde depuis deux mille ans pour nourrir sa foi. Comment réfuter les preuves de la Résurrection ? Lee se met à rencontrer des pointures de différentes spécialités, médecin, psychanalyste, pasteur, théologien, dans tout le pays, pourvu d’obtenir des réponses cartésiennes à ses interrogations. Les faits valent mieux qu’une possible illumination de la foi selon lui, basée sur un épisode pour le moins suspicieux rapporté dans la Bible par des témoins faillibles.

Je l’avoue… C’est toujours avec certaines précautions d’usage que je vais découvrir une nouvelle production cinématographique d’un studio chrétien américain. Le passé m’a tellement souvent déçu, voir énervé avec des réalisations et scénarios qui souvent n’atteignent pas le niveau d’un téléfilm M6 de début d’après-midi avec leurs lots de caricatures en tout genre qui prouvent quand même une fois de plus que le ridicule ne tue pas malgré tout… Mais ne m’avouant pas facilement vaincu d’avance, c’est donc dans cette disposition plutôt critique que je me suis laissé convaincre d’aller voir, dans une projection privée et bien confortable, le nouveau film qu’allait distribuer SAJE Distribution dans les semaines à venir… Un film chrétien pas comme les autres, m’a-t-il été dit, inspiré du best-seller « The Case for Christ » sorti en 1998, que l’américain Jon Gunn s’inspirant du témoignage du journaliste Lee Strobel, venait de réaliser exposant ainsi la question des preuves de la Résurrection du Christ au cinéma.

Et finalement, pas déçu du tout, bien au contraire. On ressort de ce film avec plusieurs sentiments en tête. Tout d’abord celui d’avoir passé un bon moment grâce notamment à un travail cinématographique soigné à tous égards mais aussi avec des questionnements bien portés à l’écran autour de la foi bien sûr, mais naturellement du doute aussi, avec toutes sortes d’autres aspects de la vie quotidienne qui trouvent place dans l’histoire… la vie de couple, le travail, le pardon, les blessures du passé, les faux semblants, la trahison…

L’une des grandes réussites, il me semble, se situe justement dans le fait que si, comme son titre l’indique, la figure du Christ est bien au cœur du scénario au travers de cette enquête autour de la Résurrection, Jon Gunn a su intégrer d’autres entrées et ne pas se focaliser uniquement sur l’aspect religieux (ce que la bande annonce occulte hélas complètement d’ailleurs). Une enquête parallèle est menée par le journaliste nous conduisant dans les méandres des affaires policières américaines avec manipulations et erreurs judicaires… remises en question, crédibilité… tout ça au cœur de la rédaction du Chicago Tribune et dans les années 80. On retrouve certaines ambiances bien sympas à la Spotlight ou autres films du genre, avec une photo vintage extrêmement bien adaptée et quelques dialogues savoureux pas dénués d’humour et de sens du décalage. Il y a bien sûr aussi les questions personnelles qui se greffent, crise de couple, relations aux parents et au père en particulier… Alors tout ça apporte du crédit au scénario tant cinématographiquement qu’humainement car la foi, cette recherche d’une certaine Vérité ne peut se faire dans l’isolement du monde et de la vie…  La question de Dieu vient forcément influer sur toutes les dimensions de l’existence de celui qui se la pose.

Et puis donc il y a toute cette enquête autour de la Résurrection. “Le seul chemin vers la vérité ce sont les faits. Les faits sont notre plus grande arme contre la superstition, contre l’ignorance et contre la tyrannie” affirme le journaliste d’investigation tout au début du film. Une enquête menée naturellement à charge contre ce qui vient malmener cette vie bien construite de cet homme très sympathique convaincu d’athéisme (on comprendra d’ailleurs progressivement que cette posture a aussi des explications, des raisons propres… et cela aussi est intéressant). Et là, le réalisateur Jon Gunn frappe fort sans tomber précisément dans toutes les caricatures possibles et faciles. Les choses s’enchainent bien avec un rythme qui accroche le spectateur sans le lâcher et se permettant même, notamment avec le montage et la BO, de flirter avec le genre visuel de certains thriller religieux genre « DaVinci Code » ou « Anges et démons ». L’émotion n’est pas mise au placard non plus mais trouve une juste place sans exacerbation facile et pernicieuse. Et le tout, il faut le souligner aussi, est porté par des prestations de très bon niveau de l’ensemble des acteurs.

« Jésus, l’enquête » sortira en salles françaises à la fin de ce mois de février, précisément le 28. Le scénario est signé par Brian Bird et la photographie du film assurée par Brian Shanley. Les principaux acteurs sont Mike Vogel, Erika Christensen aux côtés desquels nous trouvons notamment aussi Faye Dunaway, Frankie Faison et Robert Forster.

On pourra enfin souligner pour ceux qui pourraient être intéressés que SAJE Distribution propose gratuitement sur son site internet un dossier pédagogique qui pourra aider à animer une projection avec des adolescents ou des adultes, autours des questions de la foi confrontée à la science et de la vérité et des faits, vis à vis de la Résurrection du Christ.