Vivant et travaillant en région parisienne, je suis frappé par le nombre de personnes qui se croisent sans pour autant se rencontrer. Dans les transports en commun comme dans son véhicule, sur son vélo, sur sa trottinette ou à pied, chacun reste, la plupart du temps, enfermé dans sa bulle sonore, un casque sur la tête, des écouteurs dans les oreilles ou les baffles de sa voiture saturant l’espace conducteur. Il est vrai que les bruits ambiants de nos rues sont de plus en plus agressifs au point que de nombreux collectifs associatifs mesurent la densité sonore de nos villes pour mieux dénoncer cette nouvelle pollution urbaine.

Dans de telles conditions, comment nos Églises peuvent-elles résonner dans nos cités ? Comment faire entendre la Parole qui libère, la Parole qui délivre ? Pour reprendre le verset portant le thème de l’année pour la Fédération baptiste en Luc 4.18, comment annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile et proclamer une parole d’accueil ? Faut-il, pour cela, se placer aux coins des rues, sur un tabouret, et crier à qui veut bien, mais plutôt à qui peut bien, dans nos sociétés saturées de multiples sons, entendre que la paix et la joie de vivre se trouvent en Jésus ?!

Dans le brouhaha et l’agitation de la ville, j’apprécie parfois entrer dans une église ou un temple pour y retrouver la quiétude dans le silence offert. Ce silence, respecté généralement par chaque personne qui pénètre dans ces lieux protégés du bruit extérieur, s’impose comme une évidence permettant de se reposer en se posant autrement. Ces espaces deviennent alors pour moi des havres de paix qui m’aident à repenser mon quotidien, voire les raisons de mes engagements comme le sens de mon existence. Et je ne crois pas être le seul à vivre ce type d’expérience…

Nos Églises ont toute leur place au cœur de nos cités pour accueillir celles et ceux de nos contemporains saturés des bruits nocifs de leur quotidien.

Nos Églises ont droit de cité dans nos villes et villages pour résonner autrement que tous les autres pourvoyeurs sonores, pour poser une autre parole, une parole posée justement et avec justesse aidant à se reposer en Dieu seul. Une parole qui ne s’impose pas pour autant mais qui s’offre comme une bonne raison de faire confiance à Dieu et de retrouver la paix intérieure dans le silence de la présence de Jésus.

C’est un peu ce que le prophète Elie, épisode relaté en 1 Rois 19, a vécu. Au fond de sa grotte, en pleine dépression, Elie a eu besoin d’entendre le doux murmure de Dieu pour reprendre la route et penser d’une manière renouvelée son engagement et le sens de sa vie.

Pour calmer les inquiétudes de nos enfants, comme aussi les miennes, j’aimais, et aime toujours encore, leur susurrer ce chant inspiré du psaume 62 :

Mon âme se repose en paix sur Dieu seul

De lui vient mon salut

Oui, sur Dieu seul, mon âme se repose

Se repose en paix.

Que nos Églises soient et restent ces lieux et ces espaces où résonne une parole posée, sensée, qui vient, de la part de Dieu, se poser en silence sur tous les coeurs inquiets !

Marc Derœux, Secrétaire général de la FEEBF