Méditation du mardi 24 mars 2020 :
La sobriété du récit de la Genèse – Genèse 1.1 – 2.3
En lisant le récit de la création (Gn 1.1-2.3), on est frappé à la fois par la perfection de sa forme et par sa simplicité. Dieu dit : « Qu’il y ait » ; il en fut ainsi ; et Dieu vit que cela était bon.
Notre monde – et il ne s’agit pas seulement de la terre, mais de l’univers – est créé par Dieu, par sa Parole et celle-ci opère. Quoi de plus simple ? Elle crée et elle sépare, elle distingue et c’est ainsi que la Bible nous dit notre origine. Nous ne sommes pas devant un récit scientifique mais devant un poème théologique extrêmement structuré. Laissons à la science la charge de chercher à toujours mieux comprendre le comment et méditons simplement sur l’essentiel.
Dieu est la source de tout ce qui existe. C’est ce que dit notre texte. L’évangile de Jean ajoutera plus tard que cette Parole créatrice est celle qui va venir parmi nous en Jésus (Jn 1.1-18) et Paul développera encore cette idée en affirmant que tout a été créé en Christ, par lui et pour lui, et que tout subsiste en lui (Col 1.16-17).
La création a été touchée par le péché et il y a des moments, comme aujourd’hui, où nous le sentons plus qu’à d’autres. Mais n’oublions pas que toute la création est fondamentalement belle et bonne. Et si Jésus est bien celui par lequel tout a été fait et qui maintient la création, il est aussi notre sauveur et celui de la création qui attend encore sa libération (Ro 8.18-28). Pensons-y lorsque nous le prions. Certes, nous prions celui qui se révèle comme notre ami et qui nous est tout proche, mais il est aussi la source et le soutien de l’univers entier. Que cela nous donne confiance et paix en toutes circonstances.
Louis SCHWEITZER
Pour approfondir : lire Jean 1.1-18 et Col 1.12-20.
Orientations de prière
- À partir du texte :Seigneur Jésus, toi qui es à la fois créateur et sauveur, nous nous confions en toi. Aide-nous à te voir également comme la profondeur de tout ce qui existe. Renouvelle en nous ta paix. Garde-nous en toi comme tu es en nous.
- Pour l’Église :Prions pour les soignants de notre communauté (médecins, aide-soignant, infirmiers, pharmaciens, etc.) qui sont sollicités et éprouvés dans la situation. Nous voulons ce matin vous applaudir et vous dire notre reconnaissance en tant qu’Église.
- Pour le monde : Prions pour nos pays voisins, en particulier l’Italie et l’Espagne qui sont actuellement durement frappés. Que Dieu dans sa grâce commune puisse contenir la propagation de ce mal et consoler les cœurs affligés. Voici un témoignage touchant qui nous est parvenu d’Italie.
Témoignage de Julian Urban (38 ans). Docteur en Lombardie.
Jamais dans les cauchemars les plus sombres je n’ai imaginé que je pourrais voir et vivre ce qui se passe ici dans notre hôpital depuis trois semaines. Le cauchemar coule, la rivière devient de plus en plus grosse. Au début, certains sont venus, puis des dizaines puis des centaines et maintenant nous ne sommes plus médecins mais nous sommes devenus des trieurs sur la bande et nous décidons qui devrait vivre et qui devrait être renvoyé chez lui pour mourir, même si tous ces gens ont payé des impôts italiens toute leur vie.
Jusqu’à il y a deux semaines, mes collègues et moi étions athées ; c’était normal parce que nous sommes médecins et nous avons appris que la science exclut la présence de Dieu.
J’ai toujours ri de mes parents qui allaient à l’église.
Il y a neuf jours, un pasteur de 75 ans est venu nous voir ; C’était un homme gentil, avait de graves problèmes respiratoires mais avait une Bible avec lui et il nous a impressionnés qu’il l’a lue aux mourants et les a tenus par la main.
Nous étions tous des médecins fatigués, découragés, psychologiquement et physiquement à terre quand nous avons eu le temps de l’écouter.
Maintenant, nous devons admettre que nous, en tant qu’êtres humains, avons atteint nos limites, nous ne pouvons pas faire plus et de plus en plus de gens meurt chaque jour.
Et nous sommes épuisés, nous avons deux collègues qui sont morts et d’autres ont été infectés.
Nous avons réalisé que là où l’homme ne peut plus rien faire, nous avons besoin de Dieu et nous avons commencé à lui demander de l’aide quand nous avons quelques minutes libres. Nous parlons entre nous ne pouvons pas croire que nous étions athées convaincus et nous sommes maintenant chaque jour à la recherche de notre paix, demandant au Seigneur de nous aider à résister afin que nous puissions prendre soin des malades.
Hier, le pasteur de 75 ans est décédé, malgré plus de 120 morts en 3 semaines et que nous étions tous épuisés, détruits ; il avait réussi, malgré ses conditions et nos difficultés, à nous apporter une PAIX que nous n’espérions plus retrouver.
Le berger est allé vers le Seigneur et bientôt nous le suivrons aussi si la situation continue comme ça.
Je ne suis pas rentré chez moi depuis 6 jours, je ne sais pas quand j’ai mangé pour la dernière fois, et je me rends compte de mon inutilité sur cette terre et je veux prendre mon dernier souffle pour aider les autres. Je suis heureux d’être revenu à Dieu pendant que je suis entouré par la souffrance et la mort de mes semblables.