Comment accompagner un enfant vivant dans un contexte de violence conjugale ?
Comité ENFANCE & JEUNESSE DE LA FEEBF
En France, le nombre d’enfants exposés à la violence conjugale est estimé à quatre millions. C’est une réalité qui concerne aussi les familles de nos Églises(1), et qui doit être prise en compte dans notre travail auprès des enfants et des jeunes.
Le scénario suivant, fictif mais très plausible, est basé sur le vécu de plusieurs moniteurs :
Monitrice, je me trouve un dimanche matin avec mon groupe d’enfants. Comme très souvent, Jean, huit ans, teste les limites de ma patience : « Jean, je sais que tu as beaucoup de choses à dire, mais il y a douze autres enfants dans le groupe… écoute les autres aussi… ». Au moment de la prière, Jean, toujours prompt à parler, lève la main en même temps qu’il commence sa phrase : « Priez pour mes parents. Hier soir, mon papa a frappé ma maman… » et tout le groupe se tait. Submergée par la tristesse, j’en ai le souffle coupé. En tentant de maîtriser mes émotions, je demande à Marie de prier pour Jean et ses parents. Après la prière, les activités reprennent. À la fin de notre temps ensemble, je propose à Jean de rester discuter un petit peu. Je lui dis : « Merci d’avoir demandé la prière ce matin. Ça ne doit pas être facile d’en parler. Veux-tu me dire autre chose ? » Il commence à pleurer. Je lui tiens la main en priant pour lui à haute voix. En nous quittant, je lui dis : « Tu sais que tu es précieux, et que Jésus t’aime tellement. Je t’aime aussi ». Je ne sais pas quoi dire d’autre. Faut-il que je lui pose plus de questions ? Comment réagir face à une telle situation ?
Ce scénario illustre plusieurs aspects d’un évènement auquel tout moniteur peut être confronté. Nous aimerions proposer sept principes susceptibles d’aider les responsables à réagir face à de telles situations. Chacune étant différente et complexe, on ne peut travailler qu’au cas par cas. Il est important de toujours se faire aider et de ne pas rester seul face à ce problème.
Principe 1 : Créer un climat de confiance et regarder au-delà des apparences
Le comportement des enfants et des jeunes qui vivent des difficultés à la maison peut changer. Certains se mettent en colère facilement et deviennent méchants, voire violents avec les autres enfants. D’autres deviennent très « collants », ou bien très sages (parfois trop). D’autres encore prennent un air rebelle et font ressentir leur amertume à tous ceux qui les entourent. Tous ces symptômes indiquent qu’il y a un manque de paix dans la vie de l’enfant. Mais il n’y a pas de certitude dans ce domaine, ne généralisons pas. Tout enfant « difficile » n’est pas forcément en souffrance, et tout enfant en souffrance n’est pas forcément « difficile ». Plutôt que de se fier aux apparences, il vaut mieux cultiver une écoute attentive vis-à-vis de tous les enfants ou les jeunes qui vous sont confiés. Plus votre ministère auprès d’eux est marqué par une écoute bienveillante, plus ils se sentiront à l’aise pour se confier à vous en cas de besoin.
Principe 2 : Écouter l’enfant dans l’immédiat
Dans cette situation, votre premier rôle est d’écouter l’enfant d’une manière qui libère sa parole. Si cette première confidence se fait dans le contexte d’un groupe, mieux vaut attendre la fin de la session et si possible demander à un deuxième adulte de venir écouter l’enfant, en conformité avec la charte du Moniteur de la FEEBF (voir la bibliographie). Il convient d’écouter beaucoup plus que de parler, d’écouter ce qui est dit, et non pas d’« imaginer » ce que l’enfant pourrait vouloir dire. Restez dans la prière intérieure tout en écoutant, prenez le temps nécessaire. Maîtrisez vos émotions, afin de lui permettre d’exprimer les siennes.