Imaginez le président de votre pays venir assister à votre culte dominical pendant sa campagne électorale. Ce n’est pas une visite officielle ou annoncée. Il/elle intervient comme n’importe quel autre membre de votre Église, à la seule différence qu’il/elle est accompagné(e) par des gardes du corps et des journalistes. Il/elle prend place au deuxième rang, vous le/la saluez chaleureusement de la chaire et votre congrégation, impressionnée par la visite, applaudit sa présence. Pendant le temps du témoignage, il/elle raconte comment sa politique est toujours soutenue par la foi en Jésus. La visite ne reste pas inaperçue et plusieurs journaux apportent l’information. Quelques semaines plus tard, lors des élections, son adversaire l’emporte et dans les mois qui suivent, il devient clair pour vous que le nouveau gouvernement associe votre église à l’ancien président et que vous pourriez rencontrer des désavantages dans vos projets sociaux.

Des histoires comme celles-ci ont été partagées lors de la consultation “Les tensions politiques d’aujourd’hui et l’Église : Explorer l’engagement baptiste en Europe” pour lequel la commission “Théologie et éducation” de la Fédération baptiste européenne avait invité des délégués des unions membres à se réunir à Elstal/Berlin du 20 au 22 novembre dernier.

Cinq orateurs principaux ont animé les débats sur les sujets suivants :

  • Perspectives baptistes sur la relation entre l’Église et l’État dans une société plurielle (Erich Geldbach, professeur émérite de théologie, Marburg),
  • Frontières poreuses et incertitude textuelle : Pourquoi l’Israël antique n’est pas un modèle de nationalisme moderne (Helen Paynter, docteur en théologie, Bristol),
  • Comment chercher la paix aux Pays-Bas ? (Daniel Drost, Séminaire Baptiste, Amsterdam),
  • Je suis fier d’être mal adapté : prêcher à contre-courant (Jan Martin Abrahamse, Séminaire Baptiste, Amsterdam),
  • Tensions et approches dans un contexte est-européen (Sorin Badragan, Séminaire baptiste, Bucarest).

Une visite à l’église baptiste de Berlin-Wedding et une introduction au travail communautaire dans la zone urbaine, ainsi qu’une visite à l’un des sites où le mur divisait l’Europe de l’Est et de l’Ouest (Bernauer Street) ont donné une impression contextuelle sur ce que signifie servir comme Église baptiste dans un contexte politique.

Tous ces indices pour la discussion, enrichis par les rapports des expériences locales des 18 participants venus d’Autriche, d’Estonie, d’Allemagne, d’Israël, d’Italie, de Moldavie, des Pays-Bas, de Pologne, de Roumanie, d’Ecosse, du Royaume-Uni et d’Ukraine, ont soulevé des questions comme : Le principe baptiste de la séparation de l’Église et de l’État doit-il être exprimé différemment dans les pays où les baptistes sont un mouvement minoritaire et dans les pays où ils sont bien établis et institutionnellement reconnus ? Comment nos Églises peuvent-elles être une bénédiction pour la société quand l’État tente de les marginaliser ? Nos Églises peuvent-elles continuer à être prophétiques même lorsqu’elles sont en position de pouvoir ?

La contribution de la consultation a consisté moins à apporter des réponses qu’à exprimer une préoccupation commune. Les pratiques locales ont servi d’inspiration et ont alimenté les problèmes dans d’autres pays.

Pour vous plonger dans le sujet, vous trouverez bientôt les articles de fond (en anglais) sur le site web de l’EBF.

Un merci tout particulier est apporté au comité organisateur composé de Marion Carson, Mike Pears et Michael Rohde qui, avec la coopération du secrétaire général de l’EBF,Tony Peck et de la secrétaire générale adjointe Helle Liht, a facilité la réunion.