par Marc DERŒUX, Secrétaire Général

S’inspirant de l’effet Pygmalion, des entreprises ont changé leur modèle de management en décidant de développer en leur sein la culture de l’encouragement en vue d’obtenir de meilleurs résultats chez leurs salariés. Et elles ne s’y sont pas trompées constatant une nette amélioration des performances de leur personnel, et donc de leurs activités ! L’effet Pygmalion est bien connu dans le monde de l’éducation comme l’attitude positive manifestée par l’enseignant croyant en la capacité de l’élève à réussir ce qu’il entreprend. On parle ici de discipline positive, courant que la méthode Montessori a fait connaître au grand public.

Béatrice Sabaté, Présidente de l’Association de Discipline Positive en France, interroge ainsi les tenants de l’effet Golem, inverse dynamique à l’effet Pygmalion : “D’où vient l’idée étrange selon laquelle un enfant va faire mieux si on lui dit qu’il ne fait pas bien ?”Le classement Pisa, déjà en 2012, mettait en lumière la nécessité de plus encourager les collégiens et lycéens en France en leur donnant l’envie de réussir plutôt que la peur d’échouer.

À cela pourtant rien de bien nouveau ! En effet, à la lecture de nombreux textes bibliques, nous constatons combien l’encouragement est au cœur de l’action de Dieu lui-même au bénéfice de son peuple en proie à la peur d’entreprendre (cf. Genèse 26, Exode 14, Juges 6, 1 Samuel 14 et 17, 1 Rois 17, 2 Rois 6, Esaïe 41 et 43, Matthieu 9 et 17, Luc 24, Jean 20, Actes 23, etc.). Pour l’apôtre Paul, l’encouragement mutuel est ainsi au cœur de la vie chrétienne et de la Communauté des croyants. L’Église ne peut se construire sans cette dynamique communautaire où chacun s’intéresse à l’autre et lui reconnaît sa place et son utilité pour l’ensemble.

La première lettre de Paul aux Thessaloniciens est exemplaire à ce sujet. Les références à l’encouragement y sont foison. Citons en particulier le verset 11 du chapitre 5 :

“Encouragez-vous mutuellement et contribuez à la construction de l’autre.” (NBS)

Pour parler d’encouragement, Paul utilise ici le verbe παρακαλέω (parakaleo). C’est un terme grec trouvé 110 fois dans la Bible. Il peut aussi être traduit en français par consoler, prier, supplier…

En Jean 14.16, pour rassurer ses disciples sur leur avenir “sans” lui, Jésus leur annonce la venue du Saint Esprit comme le Paraclet, mot dont la racine vient de notre précédent verbe et que l’on pourrait donc aussi traduire par “Encourageur”.

Malheureusement, combien dans nos Églises sommes-nous prompts à la remise en question… des autres plutôt qu’à nous laisser inspirer par Dieu lui-même pour donner du courage en touchant positivement le cœur de l’autre (“courage” dérive du mot “cœur” en latin) ? Des paroles comme : “Merci”, “C’est bien”, “Continue comme cela”, “Bravo”, etc. pourraient s’entendre plus souvent dans nos communautés !

En conclusion de son article Pour une culture de l’encouragement en entreprise, le blogueur Christian Charlat nous interpelle :

“Tout le monde l’aura compris, développer l’effet Pygmalion à tous les niveaux d’une organisation génère plus de valeur ajoutée pour l’entreprise, ses clients, ses salariés que l’effet Golem. C’est un changement facile à mettre en œuvre, qui ne coûte rien, mais rapporte tellement ! Qu’attendons-nous pour changer ?

Sans rechercher à tout prix la performance, je laisse cependant à chacun le soin de répondre à cette question dans le cadre de sa famille, de son environnement de travail comme de sa communauté chrétienne, en méditant les paroles suivantes :

“Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de toute magnanimité et le Dieu de tout encouragement, lui qui nous encourage dans toutes nos détresses, afin que, par l’encouragement que nous recevons nous-mêmes de Dieu, nous puissions encourager ceux qui sont dans toutes sortes de détresses !” 

2 Corinthiens 1.3-4 (NBS)