Le dialogue entre Jésus et l’apôtre Pierre dans Jean chapitre 21 est l’un des plus émouvants des Évangiles. Le Christ ressuscité rejoint ses disciples sur le bord de la mer de Galilée, lieu de tant de souvenirs et d’engagements pour les douze qui l’ont suivi tout au long de ses trois dernières années de ministère. Après le petit-déjeuner préparé par Jésus lui-même, le Seigneur prend à part Simon Pierre. Avec tact et détermination, il veut le restaurer intérieurement pour mieux l’envoyer en mission vers et pour les autres.

Pierre, le fougueux, passe alors au crible bienfaisant et libérateur des trois Passions…

Qui n’a pas, un jour dans sa vie, effeuillé une marguerite ou une pâquerette en égrenant les fameux “Je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… pas du tout, etc.”. Jésus donne cette impression dans son dialogue avec Pierre, le mettant même en compétition avec les autres disciples dans son attachement au  Maître. De quoi être complètement déstabilisé et déconcerté !

Jésus rappelle tout d’abord à Simon Pierre le souvenir douloureux et honteux de son triple reniement, terrible renoncement au moment où son Seigneur est livré aux mains des autorités. C’est le retour à la Passion du Christ. Retour douloureux certes, mais nécessaire pour vraiment comprendre le sens du service voulu par le Seigneur lui-même. Car la Passion du Christ à la Croix marque le summum de l’amour que Dieu, en Jésus, manifeste pour le salut de l’humanité (cf. Jean 3:16).

La deuxième question que pose Jésus à Pierre sur son amour pour lui, transperce la carapace du disciple pour atteindre son cœur. C’est l’heure de vérité sur sa passion pour son Seigneur ! Ce tempérament fort avait étalé, de manière présomptueuse devant les autres disciples, son assurance à suivre Jésus jusqu’au bout. Il doit maintenant reconnaître sa lâcheté et la faiblesse de ses sentiments pour le Christ.

Sur ce chemin d’humilité et d’authenticité, Pierre peut alors recevoir la troisième semonce de la part de Jésus. Touché au plus profond de lui-même, son cœur peut s’ouvrir maintenant pour prendre soin des autres comme le Christ prend soin de son disciple. C’est la réalité de la Passion pour les autres à l’image de Dieu lui-même. Simon Pierre est désormais prêt à poursuivre la mission que le Christ lui confie. C’est d’ailleurs Pierre qui adressera le premier message de la communauté des disciples visitée par l’Esprit Saint à la Pentecôte. C’est encore lui qui ouvrira les portes de l’Évangile libérateur aux nations païennes, avec l’épisode de la conversion de Corneille et de son entourage.

Je reste admiratif de la manière dont Dieu nous appelle à son service, et du soin particulier qu’il prend avec chacun d’entre nous.

Notre Fédération est au bénéficie de nombre d’hommes et de femmes qui ont, par passion pour Dieu et pour les autres, quitté leur pays pour venir annoncer avec nous l’Évangile comme Passion du Christ. A l’invitation de la Convention baptiste de Rio de Janeiro, j’ai eu récemment le privilège de rencontrer nos Églises soeurs du Brésil avec lesquelles nous sommes en partenariat. Avec beaucoup d’émotion, j’ai pu leur exprimer la reconnaissance de notre famille d’Églises pour leur soutien par l’envoi de missionnaires en France. J’ai rencontré là-bas des personnes passionnées et passionnantes qui s’investissent, au nom du Christ, auprès des plus fragilisés et écorchés de la vie, notamment à cause de la terrible emprise de la drogue. Cette passion pour la Missio Dei (la mission de Dieu en paroles et en actes), nous sommes encouragés à la vivre ensemble, localement comme plus largement !

Construire l’Église ensemble, c’est partager cette Passion !