Célébrer la fidélité de Dieu !
Gabriel Garcia Marquez, un auteur colombien, a publié en 1967 un livre très particulier qui lui a valu un prix et une renommée mondiale : « 100 ans de solitude ». Défini par la critique comme le chef d’œuvre de l’auteur, ce livre est régulièrement classé comme l’un des plus grands romans du XXème siècle et appartient au courant littéraire du « réalisme magique ».
Il raconte l’histoire d’un village latino-américain typique, Macondo. Histoire qui s’étale sur 7 générations, dont curieusement quasiment toutes comportent des hommes et des femmes de même nom. A tel point qu’on s’y perd assez rapidement, on ne sait plus qui est qui et qui a fait quoi.
Le sujet central de ce livre est la désagrégation des repères culturels dans une société magico-religieuse soumise aux assauts du temps. La mémoire y est confrontée au culte du passé et à la perte de sens ; elle entraine les personnages dans un monde qui fait du surplace, qui ne change pas et qui de ce fait est ravagé.
100 ans, 7 générations, des récits qui touchent au mythique et relatent des expériences humaines qui rappellent les accents de certains récits de la Bible, de la Genèse à l’apocalypse. Un récit qui se veut programmatique d’une mort annoncée, d’une déroute certaine. Gabriel Garcia Marques écrit son livre en pleine crise sociétale. La décennie 60 est encore marquée par l’après-guerre, mai 68 n’est pas loin. Le XXème siècle a été celui de la fin des illusions quant à la bonté intrinsèque de l’humanité et à la constitution du meilleur des mondes possibles grâce au progrès.
“Quelqu’un est avec nous”
Nous venons également de traverser 100 ans, et si notre histoire n’a rien à voir avec celle du village de Macondo, c’est parce que dans l’histoire de ce village fictif, emblématique de nos sociétés, il manque un personnage essentiel, quelqu’un qui tiendrait le fil du sens, qui construirait une direction bien par-delà les apparences de délitement.
L’histoire du XXème siècle et celle de Macondo se rejoignent bien dans le délitement des repères et la perte de sens, mais elles en diffèrent grandement parce que dans nos vies individuelles, dans les 100 ans que nous commencerons à célébrer bientôt, tout comme dans les millénaires passés, quelqu’un est avec nous. Quelqu’un qui tient un cap, parce qu’il sait où il va, quelqu’un qui est capable de donner du sens à tout ce qui semble ne pas en avoir, simplement par sa présence. Ce quelqu’un, vous le savez bien, c’est Dieu lui-même, le créateur et le rédempteur du monde.
Sa présence et son amour nous sont rendus accessibles depuis ce jour où à Bethléem, il est venu participer à la déroute humaine. Sa présence et son amour nous sont garantis depuis ce moment de tension indescriptible où la déroute humaine aboutit à la souffrance de la croix. Et là encore, il ouvre le chemin des possibles à travers une déclaration elle aussi programmatique :
« Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »
C’est bien vrai que nos histoires humaines tissent leurs entrelacs avec les matériaux souvent sombres des désaccords et des séparations, comme ce fut le cas il y a 100 ans. Et en cela, bien souvent, « nous ne savons pas ce que nous faisons ». Mais grâces soient rendues à Dieu, il est fidèle à son programme d’amour, de soutien, à son projet de rédemption. Il nous a accompagné, nous a rejoint et touché par sa parole, nous a relevé et transformé.
“Dieu fidèle”
Il l’a fait pendant les années passées et il le fera à nouveau. C’est pour cela que nous pouvons ensemble célébrer sa fidélité pour les 100 ans qui viennent, quelles que soient les situations que nous aurons à traverser. Sa présence au milieu de nous est le signe qu’un chemin de vie, de vérité et de joie nous est accessible pour demain, tout comme il l’a été il y a 100 ans pour nos prédécesseurs.
Rendons-lui gloire ! Au milieu de l’humanité et du programme de mort, de destruction annoncée, Jésus est venu, Emmanuel, Dieu avec nous. Il est venu planter l’espérance dans nos vies, comme un arbre que rien ne peut déraciner. Oui, il est le Dieu fidèle qui ne change pas dans ses projets d’amour.
Que ce temps de l’Avent soit vécu par chacun d’entre nous comme un temps de grâce qui nous est donné pour fixer tout à nouveau nos regards sur celui à travers qui nous recevons force, amour, vision et protection…
“Joyeux Noël 2021”
Joëlle Razanajohary