Edito lenteur

Vacances ou repos ?

Le temps de l’apologie de la lenteur

Le repos, dans la Bible, c’est « être avec Dieu », ce n’est pas prendre des vacances !  Voilà une affirmation qu’il n’est pas forcément bon de brandir au tout début du mois de juillet, tant l’attente des quelques jours arrachés au rythme fou de l’année nous semble s’éterniser. Les vacances sont une réalité née au 20ème siècle comme une conséquence de l’industrialisation massive vécue en occident pendant le 19ème siècle et des mouvements sociaux post guerres mondiales. Personne auparavant ne pensait à quitter son lieu d’habitation habituel pour rejoindre un autre lieu dans lequel il ferait plus ou moins la même chose que chez soi, à part bien sûr travailler. De plus dans les sociétés agricoles, champs et bétails nécessitent d’autres rythmes de présence humaine que ceux imprimés par les machines des usines du 19ème ou les bureaux de la fin du 20ème. 

Aujourd’hui, si ce temps d’arrêt de ce qui occupe principalement notre année est tellement attendu, espéré et choyé, c’est que nos agendas toujours archi-chargés produisent en nous une pression dont nous n’avons souvent plus conscience. Coincés entre le fameux « métro-boulot-dodo » -dont je n’ai réalisé la nature cauchemardesque qu’en habitant Paris- et nos désirs d’évasion, nos vacances prennent trop rapidement des allures de marathon. Pour compenser ce qu’il nous est difficile de vivre pendant l’année, il convient d’organiser le temps des vacances. De ne pas perdre un seul jour. De nous reposer. De faire ce que l’on aime. Et tout cela bien sûr, im-pé-ra-ti-ve-ment ! 

 Autant dire qu’avec de tels impératifs, vacances ne riment plus avec repos…

 Dans le Ps 131, au v. 14, Dieu dit du Temple :

« c’est mon lieu de repos à jamais, j’y habiterai car je l’ai désiré ».

Et chacun est invité à y entrer, à y demeurer pour connaitre le véritable repos, celui de la rencontre avec Dieu. C’est pourquoi dans la bible, le repos nous est donné lorsque nous sommes « avec Dieu » et non en vacances. Nous pouvons donc être en repos sans être en vacances, sans cesser nos activités habituelles. 

Néanmoins, ces « arrêts de travail » que les structures sociétales nous offrent chaque année ouvrent la possibilité de vivre le repos autrement. De le construire. Tout comme les fêtes et les Shabbat dans le judaïsme construisent un espace-temps de présence joyeuse et célébrante à Dieu. Pour peu que l’on prenne le temps, sérieusement, de s’arrêter.

C’est pourquoi je pense m’appliquer à moi-même premièrement, avant de vous la proposer, la paraphrase de ce texte de la Bible qui dit : (Prov.6.6).

« va vers la fourmi, paresseux. Considère ses voies et deviens sage »

Je prendrai donc comme mot d’ordre cet été cette apostrophe revisitée : « Va vers l’escargot, vaillant actif. Considère ses voies et devient sage » 

Car il y a autant de sagesse à retirer de la contemplation d’une fourmi que de celle d’un escargot. Pour peu que cette contemplation se fasse en bon temps et en « bon-heure » et non à contre-temps…