J’aime particulièrement les livres de sagesse dans la Bible. Ils sont pétris de bon sens, ce bon sens qui nous manque trop souvent dans nos relations, dans nos entreprises, dans nos projets, dans notre quotidien. Comme pour Jésus, dans les évangiles, ce bon sens se nourrit de l’observation de la réalité qui nous entoure. Il nous invite ainsi à observer les oiseaux du ciel et les fleurs des champs (cf. Matthieu 6:24), ou à l’exemple des agriculteurs, les couleurs du ciel (cf. Matthieu 16:2). Pendant la période du confinement, nous avons été nombreux à redécouvrir notre sens de l’observation, de la nature en particulier. Malheureusement, les habitudes ont rapidement repris le dessus…
Observer, c’est prendre conscience du réel dans lequel on vit et évolue pour mieux l’habiter encore. C’est le propre des intentions d’auteurs bibliques comme l’Ecclésiaste.
De son observation du monde réel, ce dernier en tire une grande conscience de la souveraineté de Dieu, tout en étant très réaliste sur la condition humaine. La souveraineté de Dieu est à vivre dans la réalité de notre quotidien. Du chapitre 7 de ce livre de sagesse qu’est l’Ecclésiaste, je retiens ici deux idées qui peuvent inspirer notre vie personnelle comme nos projets communautaires, en Église.
- Au verset 8, nous trouvons cette affirmation quelque peu énigmatique et surprenante : “mieux vaut la fin d’une chose que son commencement”. La fin d’une chose est ici à comprendre comme la maturité, l’expérience acquise, voire même l’épanouissement, et non la disparition dans la mort. Notre vie est aussi et surtout remplie de toutes les relations vécues, bonnes ou mauvaises, qui nous ont construit d’une certaine manière… “Quand on vit bien sa vie, on vit bien sa fin.” Cette affirmation peut paraître étonnante mais elle reflète assez bien mon observation de la réalité, en particulier des personnes que j’ai rencontrées. Je me souviens ici de la fin de la vie de proches ou d’amis qui m’ont été chers, une fin qui fut bienheureuse car l’aboutissement d’une vie heureuse, à s’occuper et se préoccuper des autres.
- Au verset 10, l’Ecclésiaste nous met aussi en garde contre toute nostalgie qui nous guette et nous ronge si souvent. “Ne te demande pas pourquoi le passé a été meilleur que le présent ; il n’est pas sage de te poser cette question.” Peut-être est-ce pour l’auteur le fruit de sa méditation du souvenir de ce que le peuple d’Israël a vécu tout au long de son histoire ? On se souvient en particulier des déboires que Moïse a connus faisant face aux revendications de la communauté des israélites réclamant le retour en Egypte, pourtant terre d’esclavage et d’oppression. “C’était mieux avant!”, pense-t-on souvent. C’est parfois parce que l’inconnu nous fait peur. Mais Dieu agit pleinement, dans sa souveraineté. La nostalgie n’est pas au cœur de l’évangile. Sans faire fi du passé, le présent s’en nourrit pour mieux vivre le Royaume de Dieu comme le “déjà et pas encore”.
C’est dans cet état d’esprit, nourris de ces réflexions, que je nous invite à vivre tous changements à titre personnel, au titre de nos institutions, au titre de nos sociétés, au titre de notre monde… Pour rayonner l’espérance de l’Évangile dans notre monde, relevons le défi d’un réalisme marqué par la souveraineté bienveillante de Dieu.
Pour certains cultes que j’ai eu le privilège de présider, j’ai souvent utiliser cette prière pour le temps dit de la confession du péché :