Nous vous proposons ici le texte de la prédication du pasteur Laurent Descos de l’Église baptiste de Tours, partagée dimanche 22 mars par internet depuis son domicile.
La résurrection « en chair et en os » de Jésus, parfaitement illustrée en Luc 24.36-49, nous montre que l’Evangile s’adresse à notre être tout entier. Alors que les disciples pensent voir un esprit, Jésus leur montre qu’il est aussi un corps et une âme : il a faim, il veut manger.
C’est à notre esprit mais aussi à notre corps, à nos pensées, nos émotions et notre volonté que l’Evangile s’adresse pour le salut. Alors, dans les circonstances qui sont les nôtres aujourd’hui, quelles sont les conséquences de cet appel de l’Evangile à l’ensemble de ce que nous sommes ?
L’hygiène du corps
Quand on pense à l’hygiène du corps, on pense d’abord à l’hygiène personnelle : je dois prendre soin de moi pour être bien dans ma peau. Mais on parle également de « corps social », et même de « corps du Christ ». Nous ne sommes pas une île. Nous sommes des êtres sociaux, grégaires. Nous pouvons être dans une telle communion spirituelle les uns avec les autres que la Bible nous dit que nous sommes « un seul corps », un seul être. Alors, nous comprenons que ce que nous faisons ou ne faisons pas impacte ceux qui nous entourent.
Les gens qui mesurent 1,63m comme moi et passent donc le plus clair de leur temps à hauteur d’aisselles de leurs contemporains le savent depuis longtemps : l’hygiène corporelle concerne tout le monde. En ces temps de lutte contre la propagation d’un virus, c’est l’évidence. Parce que nous vivons en société. Parce que nous sommes un corps social. Et en Eglise, parce que nous sommes le corps du Christ.
Nous avons une double responsabilité, paradoxale, de soin les uns vis-à-vis des autres. D’un côté, garder contact, en particulier avec les plus fragiles : téléphone, mail, whatsapp, tout est bon ! Et de l’autre, éviter le contact : prendre soin de l’autre aujourd’hui consiste d’abord à rester chez soi car – surprise ! – ce virus ne se promène pas tout seul sur ses petits pieds : il se promène avec les gens qui se promènent. Ne pas aller voir les autres, un acte d’amour : quelle époque !
Hygiène du corps, ensuite, parce qu’au-delà d’une bonne douche, une bonne hygiène de vie renforce les défenses immunitaires et nous aide à être en forme psychologiquement et spirituellement. Dans la mesure où cela dépend de nous, il est important de prendre soin de soi : dormir suffisamment, manger équilibré et à heures fixes, non seulement c’est bon pour la santé mais c’est aussi bon pour le moral.
L’hygiène de l’âme
C’est probablement la plus attaquée en ce moment : nos pensées, nos émotions, notre volonté en prennent un coup.
Nos pensées
Nous avons tous fait une boulimie d’information monothématique « Covid 19 ». Phase nécessaire parce qu’on est choqué, interpellé par ce qui se passe, avec une envie de savoir et de comprendre. Mais boulimie à freiner dorénavant. Si vous avez écouté la radio ou traîné un peu sur les réseaux sociaux, vous savez déjà ce qu’il est important de savoir et qui se résume en trois mots : restez chez vous.
Pour le reste, une « veille » suffit : un suivi de l’actualité le matin, un autre le soir, le tout bien dilué dans un bon flot de vie quotidienne aussi normalisée que possible. En la matière – une fois n’est pas coutume ! – c’est l’homéopathie qui est utile : brisons cette monopolisation de la pensée par des informations anxiogènes.
Les pensées ce n’est pas rien, nous devons en prendre soin : l’apôtre Paul nous invite à être « renouvelé par l’Esprit dans notre intelligence » (Ephésiens 4.23). C’est l’Esprit de Dieu qui doit nous guider et non l’esprit de peur qui règne en ce moment. Les médias sont importants, mais ils ne sont ni nos guides ni nos maîtres. Notre âme doit être nourrie par la Parole de Dieu.
Nos émotions
Si nous nourrissons mal nos pensées, nous risquons d’avoir des émotions mal ajustées. Se nourrir d’informations anxiogènes peut installer la peur en nous, une peur qui va, au choix, me paralyser (pétri de trouille, je deviens incapable d’aimer mon prochain) ou m’amener dans un déni dangereux (je refuse le réel et prends en conséquence des risques inconsidérés). Informons-nous donc correctement, et à dose homéopathique. Nourrissons-nous de la Parole de Dieu, de lectures et d’activités édifiantes qui élèvent notre âme plutôt que de l’affliger.
Notre volonté
Un effet possible du confinement, c’est le laisser-aller. Si nous devons rester à la maison, à quoi bon s’habiller, se raser, se parfumer ? Si nous devons rester à la maison, à quoi bon se lever tôt et manger à heures fixes ?
Pourtant, là où nous subissions les événements à la merci de l’ennemi, l’Evangile nous remet debout. Jésus nous équipe et nous rend à une vie pleine de sens, pour l’éternité !
Une image clef de notre identité en Christ est celle de l’armée qui part au combat à la conquête de la terre promise. Eh bien, on n’y part pas en pyjama ! Il y a un jour institué pour le repos… pas sept. Les six autres, Dieu nous demande de revêtir l’armure pour mener le combat de la vie. Lorsque nous nous levons tôt, lorsque nous nous habillons et nous apprêtons, nous disons à l’ennemi qui guette : « Je suis prêt, équipé pour la journée qui commence, et je vais la vivre pleinement ! ». Nous nous disons à nous-mêmes que nous allons être aux ordres du Dieu vivant et non aux ordres de celui qui nous invite à baisser les bras et à nous laisser porter par le courant : « soumettez-vous à Dieu, résistez au diable, et il fuira loin de vous » (Jacques 4.7). Il y a de l’action !
Chaque jour, nous avons l’opportunité de discerner ce à quoi le Seigneur nous appelle. De quelle manière vais-je le servir aujourd’hui ? Pas les trois semaines à venir : aujourd’hui ! Qui m’appelle-t-il à aimer aujourd’hui ? A chaque jour suffit sa peine. Nous sommes l’armée du Christ, ne nous relâchons pas. Levons-nous, habillons-nous, apprêtons-nous et servons notre Dieu.
L’hygiène de l’esprit
Je termine par là, mais ça n’est évidemment pas le moins important. Chrétiens, notre esprit a été régénéré par l’Esprit de Dieu. Notre esprit est soumis à l’Esprit-Saint, et c’est donc par l’esprit que nous prenons autorité sur nos pensées, nos émotions et notre volonté.
Pécheur, je sais que mes pensées sont tordues ; mais je sais aussi que celles de Dieu ne le sont pas. Pécheur, je sais que mes émotions dysfonctionnent parfois ; mais je sais aussi que Jésus-Christ calme les tempêtes d’un seul mot. Pécheur, je sais que ma volonté est mauvaise ; mais je sais aussi que le Saint-Esprit est mon guide.
Cette proximité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, je la trouve dans la Parole de Dieu et dans la prière. Dans TOUTE la Parole de Dieu, pas seulement dans des versets choisis. Il faut s’y plonger tout entier parce qu’il ne s’agit pas seulement d’en connaître la lettre, mais aussi de se laisser saisir par l’Esprit de cette Parole. C’est primordial, parce que nous pouvons citer la Bible parfaitement et lui faire dire l’inverse de ce qu’elle raconte. Nous pouvons citer la Bible et faire le jeu de l’ennemi parce que nous la citons par l’esprit de l’ennemi. Jésus-Christ, juste après son baptême, a vécu un temps de confinement de 40 jours dans le désert. Et que fait le diable ? Il cite la Bible. Parfaitement. Mais il la cite par son propre esprit, qui est l’esprit du mensonge.
Nous pouvons voir des gens s’exposer volontairement au virus, persuadés que la foi les protège. C’est diabolique : ils tentent le Seigneur. Nous pouvons voir des gens proclamer le psaume 91, un psaume qui parle de Dieu qui nous délivre de la peste et qui dit que si « 1000 tombent à ton côté, 10000 à ta droite, rien ne t’atteindra », comme s’il s’agissait d’une amulette protégeant du mauvais œil. Ce qui est un comble de non-sens : c’est le psaume utilisé par le diable pour suggérer à Jésus de se jeter du haut du temple ! A cela, Jésus répond : « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu ».
Alors en ces temps troublés, entretenons notre proximité avec Dieu par sa Parole (toute sa Parole) et par la prière. Et que Jésus-Christ ouvre notre entendement pour que nous comprenions les Ecritures non par la lettre, mais par l’Esprit qui les a inspirées.
Que le Seigneur vous garde et vous bénisse.