Edito

Fin ou nouveau commencement?

Nos églises, nos vies, nos histoires sont ponctuées par des cycles, des saisons, des fins et de nouveaux commencements.

Notre époque me semble marquée par la pensée de la fin. En effet, le dérèglement climatique, la disparition des espèces, nos démocraties menacées, l’économie chancelante, la planète en souffrance, les valeurs morales menacées….. Notre monde parait à bout de souffle et semble pointer vers son terme. Une course pour la vie est engagée et la peur de cette fin est là, particulièrement ressentie par la jeunesse. L’industrie cinématographique multiplie les séries catastrophes où la population mondiale y est décimée et où quelques personnes tentent de survivre dans le chaos.

Qu’en est-il de l’Eglise ?

Elle semble à contre-courant, fragile, sans force. Le monde nous interpelle et nous interroge sur sa pertinence alors qu’elle est engluée dans des scandales à répétition. Celle-ci semble en ruine et le chantier est immense.  Beaucoup de chrétiens cherchent un nouveau souffle et attendent quelque chose de nouveau.

Cette église dont le Seigneur est le Chef, ne peut elle pas entrer dans un nouveau temps ? Tant de soupirs, de cris, montent vers le Seigneur dans des prières ferventes pour quelque chose de nouveau.

Trois attitudes se présentent à nous.

1. Certains sont pessimistes, voir fatalistes. La fin est là. Cette pensée, déjà présente dans les Actes est facile, et bien sur, ça arrivera un jour….elle précèdera quelque chose de nouveau.
2. D’autres préfèrent un discours basé sur le refus et le déni. Selon eux, nos difficultés sont passagères et les choses iront mieux demain. Rien de nouveau sous le soleil, il y a toujours eu des moments difficiles auparavant, des aléas climatiques, guerres et tremblements de terre et le monde d’aujourd’hui n’est pas pire que celui d’hier.
3. Une autre voix possible consiste à réaliser qu’il y a toujours un commencement après une fin.
La fin d’une année permet le commencement d’une nouvelle
La fin des études permet l’entrée dans le monde professionnel.
La fin de l’adolescence permet le début d’une vie d’adulte.
La fin d’une vie de travail permet le début d’une retraite…sujet d’actualité !
Les temps les plus difficiles dans la parole (esclavage en Egypte par exemple) sont aussi ceux qui permirent un nouveau commencement.
L’expérience de la croix est celle d’un commencement après une fin douloureuse.

Dans ce travail de responsable du développement, on m’interroge souvent sur  la crise des vocations, sur nos structures quelques peu figées, sur notre liturgie, sur la forme de nos cultes pas toujours accessible aux visiteurs.

J’ai pu visiter quelques églises ces derniers mois. Toutes souhaitent une revitalisation. Un rapide diagnostique montre que le blocage peut venir des structures, d’un manque de vision, du manque de formation ou d’outils, ou d’ailleurs. Mais la bonne volonté est souvent là. Il faut changer nos paradigmes et ceci n’est pas si facile.

Oui l’Eglise est appelée plus que jamais à s’adapter, tant pour nos structures que pour le ministère pastoral. De nombreux modèles sont appelés à voir le jour, côtoyant les anciens : églises classiques, églises en réseau, église de maison, églises missionnelles et bien d’autres….

Selon moi, le travail en réseau va s’étendre. Il permet une mutualisation intéressante des outils et des formations, la mise en place de projets plus grands, un nouveau dynamisme pour les membres, une entraide plus efficace….etc.

Ceux qui ont un cœur brisé pour l’église se tiennent dans la prière, tel Néhémie, avec l’espoir d’un renouveau. L’Eglise a traversé plus de 2000 ans d’histoire avec des périodes particulièrement sombres mais elle est toujours là, à la fois forte et fragile.

Oui nous vivons un période marquée par l’idée de la fin mais n’est ce pas là  une opportunité fantastique d’explorer des choses nouvelles, conduits par l’Esprit du Seigneur ?

La Réforme, les mouvements de réveil ont permis de nouveaux commencements. Soyons encouragés. Laissons notre Seigneur ranimer l’espérance en nous. Des choses seront parfois appelées à mourir pour permettre l’éclosion de nouvelles. Il nous faudra changer certaines de nos façons de voir et nos pratiques seront sans doute remises en question mais si Dieu est en contrôle, alors faisons lui confiance. Ne jetons pas tout comme le prônent les plus radicaux mais appuyons nous sur notre histoire et nos traditions qui nous donneront la force de mieux aller de l’avant.

Observons ces cycles, Analysons tout ce qui pointe vers une fin afin de comprendre ce qu’il peut y avoir ensuite comme nouveau commencement.

Francis Dognon.