“Ils sont heureux ceux qui ont un cœur de pauvre parce que le royaume des cieux est à eux” (Matthieu 5.3)

“Le Royaume des cieux appartient à ceux qui sont comme des enfants ” (Marc 10.14)

Vous avez certainement remarqué que la pauvreté du cœur et l’esprit d’enfance sont, dans les paroles de Jésus, les conditions d’accession au Royaume. C’est qu’il me semble que l’un est le commentaire de l’autre. La pauvreté de cœur (ou d’esprit) est l’esprit d’enfance. On imagine parfois bien des choses sur l’enfance, comme si elle était la garantie d’une certaine innocence. Mais la réalité est plus simple. On est toujours enfant devant un parent et, d’une certaine manière, s’il n’y a pas de parents, il n’y a pas non plus d’enfants. Ceux qui sont privés de relation vraie avec des parents deviennent très vite et dramatiquement de petits adultes.

Jésus se situe et situe toute vie spirituelle dans la relation à Dieu comme Père. Le petit enfant sait qu’il est dépendant ; il se sait pauvre. Il fait confiance à son père simplement car il sait par expérience qu’il n’est pas lui-même capable de subvenir à ses besoins et que son père l’est. Il lui fait confiance et cela est vrai même lorsque les pères humains ne sont pas toujours dignes de cette confiance.

Nous sommes appelés à faire ainsi une totale confiance en notre Père céleste. Combien de fois évitons-nous cette confiance car nous tenons à ne pas être pauvres et dépendants. Nous faisons confiance à nos capacités, à notre richesse, à notre intelligence… Et, nous en touchons bien sûr rapidement les limites. Il est vrai que ce à quoi nous sommes appelés ne nous est pas naturel, n’est pas naturel en tout cas aux adultes que nous sommes. Accepter de nous abandonner entre les bras de quelqu’un d’autre, de ne plus compter sur nous-mêmes, mais sur notre Père, c’est pour nous un véritable changement de perspective. Mais c’est justement lui qui nous ouvre au Royaume de Dieu. Tant que nous ne comptons que sur nous-mêmes, nous pourrons accomplir tout ce qui relève de nos capacités. Mais si nous nous confions en Dieu, nous pourrons compter sur ce qui relève de ses capacités…

Il est vrai que ce n’est pas simple, nous le savons tous et le Seigneur aussi. Et rassurez-vous, notre salut n’en dépend pas. Mais ce qui en dépend, en revanche, c’est la vie à laquelle Jésus nous appelle, et c’est l’intensité́ et la force de notre témoignage ainsi que notre capacité à introduire un peu du Royaume dans notre vie et dans le monde.

par le pasteur Louis Schweitzer