Méditation du jeudi 9 avril 2020

Jeudi Saint

Le jour des pains sans levain où l’on devait sacrifier l’agneau pascal arriva. Jésus envoya Pierre et Jean en leur disant : « Allez nous préparer la Pâque, afin que nous la mangions. » … Quand l’heure fut venue, il se mit à table avec les [douze] apôtres. Il leur dit : « J’ai vivement désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir car, je vous le dis, je ne la mangerai plus jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. » …

Ensuite il prit du pain et, après avoir remercié Dieu, il le rompit et le leur donna en disant : « Ceci est mon corps qui est donné pour vous. Faites ceci en souvenir de moi. » Après le souper il prit de même la coupe et la leur donna en disant : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang qui est versé pour vous. » Luc 22.7–8, 14–16, 19-20  (S21)

Le repas de la Pâque que Jésus prend avec ses disciples replace notre Seigneur dans un rôle qu’il affectionne particulièrement durant son ministère terrestre, celui d’hôte-serviteur. Lui qui n’avait pourtant pas de lieu pour poser sa tête (Luc 10.58) se retrouve dans la fonction d’hôte-serviteur qui nourrit et sert ceux qui sont avec lui. La description de ce repas nous rappelle Jésus nourrissant la multitude des foules (Luc 9 :16), comme elle anticipe également le repas du chemin d’Emmaüs (Luc 24.30). Toutes ces occasions de repas sont des lieux où Jésus, l’hôte qui rompt et donne le pain, révèle sa présence et son identité. Ces repas, loin d’être anodins, concluent chacun des grands temps de son ministère terrestre dans l’évangile de Luc et nous dévoilent l’hospitalité de Dieu, qui nourrit, manifeste sa présence et accueille ceux qui viennent à lui. A notre tour, nous sommes appelés à exercer nous-mêmes cette hospitalité en souvenir de lui, et très vite, les disciples prendront conscience de l’importance de ces repas et de leur capacité à accueillir. Leur hospitalité sera la marque de la présence de Jésus-Christ, et le repas deviendra très rapidement l’épreuve de vérité quant à la capacité de l’Église à être l’Église.

Comment Juifs et Grecs peuvent-ils prendre un repas en commun alors qu’ils n’ont pas les mêmes coutumes alimentaires ? Bien heureusement, Luc, dans les Actes des Apôtres, témoigne qu’il n’y a pas deux Églises mangeant séparément, mais bien une seule, grandissant et se répandant à la surface de la Terre.

Au premier abord, confinement et hospitalité ne vont pas de pair. Pourtant il y a une personne qui n’est pas sujette aux règles strictes de confinement et qui nous dit qu’elle se tient disponible à la porte pour venir manger avec nous (Apocalypse 3.20).

En ce temps de Pâques, alors que le nombre de nos activités est réduit par les restrictions, prenons le temps de faire le point sur l’espace que nous laissons à Dieu dans nos vies.

Nous voyons souvent les disciplines spirituelles comme des choses à accomplir. Ainsi dans nos vies bien remplies, nous ne nous sentons pas à la hauteur, nous n’y arrivons pas, nous sommes trop fatigués. Pourquoi ne pas concevoir les disciplines spirituelles non comme des obligations à faire en plus de notre liste quotidienne déjà bien chargée, mais comme un espace disponible pour accueillir Dieu dans notre quotidien ?

Attention, lui donner cet espace n’est pas anodin, Luc témoigne que Jésus aime être invité, mais il nous avertit aussi qu’il a tendance à prendre rapidement la place de l’hôte et que notre vie pourrait bien en être bouleversée.

Matthieu et Hélène Ducrozet

Pour approfondir, lire Luc 22 – Ésaïe : 55

Orientations de prière 

  1. À partir du texte : Agneau de Dieu, merci pour cette invitation à ta table. Merci pour le prix que cette invitation t’a coûté. Merci pour la joie et l’expérience de la communion fraternelle, quel bonheur de faire partie de ta famille ! Merci pour l’espérance de ce repas futur dans ton royaume vers lequel nos regards se tournent. Nourris-nous Seigneur afin qu’à notre tour, nous puissions manifester ton hospitalité autour de nous. Amen.
  2. Pour l’Église : Qu’en cette semaine de Pâques, nous puissions en tant qu’Église nous rappeler que nous avançons vers le même héritage, unis par l’œuvre de Jésus-Christ. Que nous ayons un désir renouvelé de vivre notre foi ensemble malgré les circonstances.
  3. Pour le monde : Prions pour les personnes, hommes, femmes seules ou avec enfants et mineurs-es isolés-es, qui sont à la rue et qui ne trouvent plus le soutien qu’ils avaient auparavant. Que le Seigneur les protège, les soutienne et permette la mise en place de structures capables de les aider.