Méditation du vendredi 29 mai

La chute de Jérusalem

« Comme elle reste solitaire la cité qui, naguère, était si populeuse ! Elle est comme une veuve ! Elle qui était importante au milieu des nations, princesse des provinces, elle est astreinte à la corvée !» Lamentations 1.1

Cri de douleur puissant, ce premier verset du livre des lamentations est empreint de désolation, d’amertume. Sous les coups du roi de Babylone, Jérusalem, si puissante par le passé, est tombée. Son temple, construit pendant le règne de Salomon sur ordre de Dieu, est détruit. Son peuple, fruit de la promesse à Abraham, sorti de l’esclavage d’Egypte par des miracles éclatants, est déporté. Il s’était vautré dans l’arrogance, dans l’idolâtrie, dans l’orgueil, était devenu sourds aux injonctions de son Dieu… Il est désormais dans une détresse indescriptible car la promesse de la terre et de la nation reçue du temps d’Abraham semble s’effondrer.

L’auteur des Lamentations – le live est attribué à Jérémie par tradition, il y a débat, mais il s’agit à minima d’un contemporain du prophète – nous fait part de son désespoir dans un écrit très travaillé, très poétique, puisque chaque strophe commence par l’une des vingt-deux lettres de l’alphabet hébreu, dans l’ordre alphabétique. Utile pour la mémorisation, l’auteur veut que ce texte soit retenu, récité, rappelé. L’auteur analyse les causes de son malheur, se repent, et la désolation laisse finalement entrevoir une note d’espoir : le dernier poème / chapitre du livre, le seul qui n’est pas rédigé sous forme d’acrostiche, fait état d’un esprit de repentance (Lm 5.16), d’humilité devant Dieu (Lm 5.17-19), et présente un appel au secours sincère (Lm 5.21).

Il est des moments où nous pouvons nous sentir découragés, délaissés par Dieu : une grande épreuve personnelle, la perte d’un proche, la maladie, une période d’incertitude commune comme la crise sanitaire, sociale, écologique que nous traversons. Tout cela peut susciter un désespoir semblable à celui des Lamentations. Il peut même arriver que nous nous sentions personnellement coupables dans ces situations, de ce que nous avons dit ou fait, ou de ce que nous avons omis de dire ou de faire. Comme dans ce texte, nous pouvons pleurer, pleurer amèrement et longuement… mais finalement pour se relever avec le Seigneur.

Il n’est jamais trop tard pour écouter son appel : il nous invite à revenir à lui, nous invite à tenir ferme ses promesses, comme par exemple celle selon laquelle « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8.28). Par ailleurs, comme cela nous a été rappelé par notre frère Louis Schweitzer récemment encore lors de la conférence « Écologie : fin du monde ou fin d’un monde », nous pouvons faire preuve de deux attitudes essentielles et complémentaires : la confiance d’un côté, et la responsabilité de l’autre. Confiance en Dieu, qui relève le faible, qui se tient chaque jour à nos côtés, même dans les épreuves les plus terribles, même lorsque nous le trouvons désespérément absent ou silencieux. Responsabilité lorsqu’il s’agit de faire preuve d’introspection, de confesser nos fautes à Celui qui est prêt à les pardonner, et surtout lorsqu’il s’agit de convertir notre attitude, de changer ce qui doit être réformé en nous.

A.K.

Pour approfondir, lire Lamentations 3.21-23.

Orientations de prières

  1. À partir du texte : Père, aide-moi dans cette période difficile. Tu connais mes souffrances, mes difficultés, ma colère, mes inquiétudes. Tu connais aussi mes fautes. Donne-moi ta force pour changer ce que je peux, donne-moi ta paix pour endurer ce que je dois, donne-moi ton amour pour aider ceux que je vois.
  1. Pour l’Église : prions pour la conférence du 6 juin sur le thème du combat spirituel avec Emmanuel Maennlein afin que nous puissions en ressortir grandi dans notre foi.

  1. Pour le monde : prions pour les lycéens de terminale qui reçoivent les résultats de leurs vœux exprimés sur Parcoursup et à l’anxiété qu’ils ressentent pour leur futur vu la situation actuelle de notre pays.