Un an après l’arrivée des premières familles accueillies dans le cadre d’un couloir humanitaire dans lequel la Fédération Protestante de France est partenaire, Pierre de Mareuil, pasteur de la FEEBF et en poste d’aumônier à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle nous partage son témoignage d’acteur sur le terrain.
Le 5 juillet 2017 arrivaient les premières familles syriennes et irakiennes des Couloirs Humanitaires. En mars de la même année, 5 organisations chrétiennes signaient une convention avec l’État pour l’accueil de 500 personnes réfugiées dans des camps au Liban. Les familles qui arrivent ainsi sont accueillies et prises en charge par des associations et collectifs en lien avec ces 5 partenaires : La communauté Sant Egidio, la Fédération de l’Entraide Protestante, le Secours Catholique, L’Eglise catholique (via la Conférence des Évêques de France) et la Fédération Protestante de France. Les personnes ainsi accueillies sont sélectionnées par des associations partenaires à Beyrouth pour leur situation particulièrement vulnérable (enfants, personnes âgées, malades, handicapées…). Depuis 1 an ce sont environ 150 personnes qui ont été accueillies à l’aéroport de Paris-CDG en 6 voyages.
Contacté par les partenaires des Couloirs Humanitaires quelques semaines avant la première arrivée je me suis impliqué dans ces accueil avec enthousiasme. Accueillir tout un chacun sur CDG (et en particulier les plus fragiles) c’est mon boulot et plus encore c’est être témoin du Christ ! Ma mission est double : avant tout, être le premier sourire à l’arrivée en France de ces personnes qui ont beaucoup souffert. C’est une petite goutte d’eau dans tout ce qui est mis en place pour les accueillir mais cela peut faire toute la différence après un long périple, l’arrivée dans un pays inconnu et surtout avant les contrôles d’identité puis tout le parcours de demande d’asile et d’intégration. J’ai été très marqué par la première famille accueillie qui, à peine passé la porte de l’avion, encore sur la passerelle d’accès au Terminal de l’aéroport a tout de suite voulu que l’on fasse un selfie et qu’on se le partage sur Facebook. Il fallait immortaliser ce premier échange de sourires !
Le deuxième aspect de ma mission et de changer, si l’on peut dire, la goutte d’eau en goute d’huile et d’être un facilitateur pour l’organisation et la logistique nécessaire à l’accueil sur l’aéroport. Ainsi, grâce à l’implication des aumôniers, les autorités aéroportuaires mettent à disposition des moyens humains et matériels pour permettre l’accueil dès la porte de l’avion à un petit groupe de 5 personnes avec les aumôniers, faciliter les contrôles d’identité (toutes les personnes sont détentrices d’un visa D octroyé par le consulat français à Beyrouth) et l’organisation d’un petit buffet de bienvenue avec les collectifs et familles d’accueil. La goute d’huile et particulièrement utile dans la complexité des rouages des protocoles de sureté particulièrement stricte sur l’aéroport.
Le bonheur, le soulagement des personnes accueillies sont une belle récompense mais il faut aussi partager avec elles les craintes, les questionnements, essayer de communiquer avec quelques mots de français ou d’anglais, rassurer… le temps de l’accueil sur CDG est bien modeste dans l’aventure qui conduira ces personnes et ces familles à découvrir notre pays, s’y installer et l’enrichir de leurs projets. Mais dans cette modestie nous aurons exercé notre devoir et notre privilège d’hospitalité.
Et, parfois, il m’est donné un petit bonus à la modestie de l’hospitalité quand une famille doit attendre le lendemain ou une ou deux nuit sur Paris avant de rejoindre sa destination finale par exemple à Barbezieux, Bordeaux ou Mandagou. J’ai alors le privilège de les garder chez moi un peu plus, de faire plus ample connaissance, prendre le temps d’une promenade ou d’une visite. J’ai d’ailleurs appris une chose au travers de ces accueils : l’un des aspects les plus important des premières heures est, ce que j’appelle l’hospitalité 2.0, de fournir la clé de la boxe wifi pour qu’ils puissent le plus tôt possible informer de leur bonne arrivée leurs proches restés au pays ou dans les camps libanais. Il faudra peut-être modifier la traduction de nos Bibles : “Quiconque donnera ne serait-ce que sa clé wifi à l’un de ces petits…”
Vous aimeriez peut être vous joindre à cet effort d’accueil de réfugiés dans votre ville ou votre village. Vous trouverez plus d’information sur les Couloirs Humanitaires ici, et n’hésitez pas à contacter la Fédération de l’Entraide Protestante qui vous conseillera. Et surtout “N’oubliez pas l’hospitalité : il en est qui, en l’exerçant, ont à leur insu logé des anges” (Heb. 13.2).
Selfie dés la sortie de l’avion !
Traversée de l’aéroport, 1ère étape en France
Photo de famille – accueillis et accueillants se rencontrent