L’épisode de la femme répandant sur Jésus un parfum de grand prix a inspiré de nombreux peintres dont Paul Rubens (1577-1640), un des maîtres de la peinture flamande. Dans son tableau Le Repas chez Simon le pharisien, inspiré de l’évangile de Luc, personne ne porte de regard sur celle que l’on identifie souvent comme Marie Madeleine. Alors que cette dernière est agenouillée aux pieds de Jésus qu’elle couvre de baisers, les autres personnages autour de la table sont suspendus aux paroles que le Christ va bien pouvoir dire pour expliquer cette situation que beaucoup jugeraient embarrassante. En effet, comment ne pas s’indigner de l’audace et du gaspillage ?

Mais ne faisons donc pas l’économie de la lecture de ce même épisode relaté dans l’évangile de Marc, au chapitre 14, les versets 3 à 9.

Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux ; pendant qu’il était à table, une femme entra avec un flacon d’albâtre plein d’un parfum très cher, fait de nard pur. Elle brisa le flacon et versa le parfum sur la tête de Jésus. Certains de ceux qui étaient là s’indignaient : « À quoi bon avoir gaspillé ce parfum ? On aurait pu le vendre plus de 300 pièces d’argent et les donner aux pauvres ! » Ils critiquaient sévèrement cette femme. Mais Jésus dit : « Laissez-la tranquille. Pourquoi la tourmenter ? Ce qu’elle a accompli pour moi est vraiment beau. Car vous aurez toujours des pauvres avec vous, et toutes les fois que vous le voudrez, vous pourrez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. Elle a fait ce qu’elle a pu : elle a d’avance parfumé mon corps afin de le préparer pour le tombeau. Je vous le déclare, c’est la vérité : partout où la bonne nouvelle sera annoncée, dans le monde entier, on racontera, en souvenir d’elle, ce que cette femme a fait. »

La pause s’impose…

Ce slogan, connu des habitués des autoroutes, rappelle aux automobilistes une attitude nécessaire pour une conduite prudente et sage.

Savoir s’arrêter pour réfléchir, penser, méditer et peut-être réviser sa conduite, n’est pas du temps perdu. Il faut savoir marquer une pause régulièrement pour se poser les questions qui nous font avancer. Ce temps d’arrêt sur une aire de repos est bénéfique, tant pour le conducteur, les passagers que la machine. On se restaure, on se ressource, on fait le plein, pour mieux repartir.

Mais tout le monde sait que savoir n’est pas vouloir. Combien d’automobilistes sommes-nous, moi le premier, à ne pas tenir compte de cet avertissement “La pause s’impose” et à continuer la route avec le risque de, cette fois-ci, devoir s’arrêter, parfois tragiquement, voire définitivement ?

Jésus s’est offert une pause chez Simon, où une femme a choisi de se poser… aux pieds de celui dont elle reconnaît qu’il peut changer le cours de sa vie et lui apporter la paix dont elle a besoin.

Les pauvres s’imposent…

Si Jésus savait prendre le temps pour lui et avec les autres, il ne perd pas pour autant le sens de la réalité, ni celui des responsabilités.

Le “Vous avez toujours les pauvres avec vous !” est une réponse à l’indignation de ceux qui s’offusquent du gaspillage, mais qui oublient leurs responsabilités premières vis-à-vis du prochain.

En rappelant à ses interlocuteurs le sens des priorités, Jésus renvoie à une réalité quotidienne dont l’Ancien Testament se fait l’écho en Deutéronome, chapitre 15, verset 11: “Il y aura toujours des indigents dans le pays, c’est pourquoi tu ouvriras ta main à ton frère, aux pauvres et à l’indigent dans ton pays.”

Le “Vous avez toujours les pauvres avec vous !” est aussi un défi lancé par Jésus pour que nous n’oublions pas notre responsabilité vis-à-vis des plus petits, sans pour autant perdre le sens et le pourquoi de notre action.

Pour ne pas perdre l’essentiel…

Le pas de l’activité vers l’activisme est vite franchi. Il y a alors danger de croire plus en nos actions qu’en ce qui les fonde. Nous perdons l’essentiel.

L’essence, c’est ainsi que l’on appelle ce qui donne le caractère spécifique à un parfum, répandu sur Jésus embaumait le lieu où il se trouvait. En perdant l’essentiel dans nos actions, même les plus nobles, au service des autres, nous risquons de devenir fades et sans odeur dans notre monde.

La réponse à la question du pourquoi de notre “Faire” passe par une réflexion sur le pourquoi de notre “Être”, et donc de notre enracinement.

Dans nos Églises, dans nos Abej, dans nos associations d’entraide, ne perdons pas l‘essentiel pour faire résonner une compassion qui fasse honneur à Jésus qui n’a pas regardé à la dépense de sa propre vie.

Marc Deroeux, Secrétaire général de la FEEBF

Exsistit autem hoc loco quaedam quaestio subdifficilis, num quando amici novi, digni amicitia, veteribus sint anteponendi, ut equis vetulis teneros anteponere solemus. Indigna homine dubitatio! Non enim debent esse amicitiarum sicut aliarum rerum satietates; veterrima quaeque, ut ea vina, quae vetustatem ferunt, esse debet suavissima; verumque illud est, quod dicitur, multos modios salis simul edendos esse, ut amicitiae munus expletum sit.