Du 12 au 26 octobre 2019, une équipe de responsables évangéliques organise deux semaines d’évangélisation dans le nord et dans le sud de la Suisse romande avec le mouvement « The Turning ». Le comité DE-MIB de la FEEBF travaille actuellement sur le projet de l’expérimenter en France en 2020.
Pour le découvrir et avancer dans cette perspective qui nous est offerte, nous vous proposons ici une rencontre avec Yinka Oyekan, pasteur de l’Église baptiste « The Gate » à Reading en Angleterre, qui a vu naître « The Turning » dans son Église locale.
En deux mots, présentez-nous le mouvement « The Turning »
En 2016, nous avons eu une campagne d’évangélisation à Reading en Angleterre. Le but était d’aller dans la rue et de témoigner de notre foi aux inconnus que nous rencontrerions. Un évangéliste était là pour motiver les membres de mon Église. J’ai réalisé rapidement que Dieu répandait son Esprit de manière particulière à la fois sur les membres de ma communauté et sur les inconnus rencontrés dans la rue. 1850 personnes ont répondu positivement à l’offre de nos membres. 50 sont aujourd’hui engagés dans notre Église. Cela a déclenché un mouvement d’encouragement à l’évangélisation que nous avons appelé « The Turning », le « virage » en français.
Qu’est-ce que cette évangélisation a changé dans votre Église ?
Avant cet engagement, 40 pour cent de la communauté n’avait jamais amené quelqu’un à Christ. Nous avons une Église de 250 personnes au culte le dimanche. Ce n’est donc pas une méga-church, mais après cette mission presque tout le monde a pu dire qu’il ou elle avait amené quelqu’un au Seigneur. Les membres de l’Église « The Gate » ont maintenant confiance dans le fait que le Seigneur est avec eux lorsqu’ils témoignent de leur foi… et que l’Évangile, ça marche !
Avant ce programme, avez-vous mis en place de nombreuses formations pour équiper les membres de votre Église en vue du témoignage ?
Nous avons mis en place un enseignement de 45 minutes… et c’est tout ! Nous avons enseigné les gens sur la manière d’être polis lorsqu’ils sortent dans la rue, sur le fait de ne pas débattre avec les personnes rencontrées, et sur l’importance de laisser l’amour de Dieu se manifester… La plupart de mes frères et sœurs dans l’Église connaissent déjà l’Évangile. Je n’ai pas à enseigner aux gens ce qu’ils savent déjà. Ce n’est pas l’Évangile qui est un problème, c’est la motivation que nous avons à le partager. L’amour de Dieu a amené Jésus sur la terre, l’amour de Jésus pour nous l’a conduit à la croix. L’unique raison de l’annonce de l’Évangile, c’est que Dieu nous aime.
En 2016, avez-vous exposé différemment les membres de votre Église à cet amour de Dieu ?
Oui. Toutefois pas d’une façon nouvelle ! En 2008, nous avions déjà vécu une visitation particulière de l’Esprit Saint… Lorsqu’en 2016, nous avons vécu une deuxième visitation, nous avons réalisé que l’amour de Dieu voulait entrer de manière nouvelle en relation avec les personnes qui se trouvent en dehors de l’Église. C’est en fait l’ingrédient secret du mouvement « The Turning ». Mettre en lien l’amour de Dieu que les chrétiens ressentent avec l’amour de Dieu pour ceux qui ne le connaissent pas.
Lors de cette évangélisation en 2016, nous avons encouragé les gens à venir en soirée rendre compte de cet amour de Dieu qui s’était manifesté au travers de leur journée dans leurs rencontres avec des inconnus. Cet amour a transformé les membres de mon Église. Sortir dans la rue avec cet amour a changé ce qu’ils disaient et la manière dont ils le disaient aux personnes qui les écoutaient.
Il y a une chose que vous mettez en avant dans le mouvement « The Turning », c’est le suivi des inconnus rencontrés dans la rue…
C’est déjà très difficile d’amener nos amis dans l’Église, mais lorsque quelqu’un répond à l’offre de Jésus dans la rue, cet individu n’est pas disposé à venir dans l’Église. En fait : pourquoi y viendrait-il ? Nous avons donc un autre type de suivi à mettre en place. Un suivi marqué par la dynamique du « un à un ». Il importe de passer du temps avec ces inconnus en dehors de l’Église, dans un café, dans un groupe ou ailleurs… Ce n’est que lorsque nous avons construit une relation et que nous les avons « coachés » dans le Seigneur qu’il est possible de proposer un cours Alpha ou une autre formation. Quand une relation s’est construite, alors ces inconnus sont prêts à envisager une telle possibilité.
Il importe donc d’avoir d’abord une relation, puis de proposer un groupe plus large ?
Oui. Certaines personnes répondent dans la rue, mais elles ne sont pas sauvées. Elles ne sont pas convaincues de leur péché. Il est donc important lorsque vous rencontrez quelqu’un pour la première fois lors d’un café de découvrir ce qu’il ou elle a vécu dans la rencontre dans la rue… Et c’est l’occasion de répéter une petite proclamation de l’Évangile. Quand ces inconnus sont convaincus de leur péché, ils sont sauvés. Mais nous essayons de leur donner une formation de disciple avant même qu’ils soient sauvés.
Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté personnellement ?
Avant cette expérience en 2016, j’étais, ce que l’on appelle – modestement ! – un expert en implantation d’Églises et en évangélisation. Quand le « Turning » est intervenu, j’ai réalisé que je n’en savais pas autant que je le pensais. J’ai été complètement surpris par ce que le Seigneur faisait. Quand Dieu touche quelque chose, cela le transforme pour toujours. Le « Turning », c’est quelque chose que Dieu a touché. Par nos propres capacités, ce n’est pas possible de mettre en place ce qui s’est passé. Comment un être humain pourrait-il faire cela ? Nous lisons beaucoup de choses en lien avec des dynamiques de réveil… Mais voir le Seigneur nous faire confiance comme cela, cela rend très humble ! C’est quelque chose qui remplit de crainte, parce que vous ne souhaitez pas vous mettre en travers de ce que Dieu fait et endommager son travail.
Est-ce la fin du pastorat ?
Non, mais la crainte du Seigneur m’habite. Dieu nous surprend. Il est saint et il aime la sainteté. Nous autres pasteurs, nous devons nous revêtir d’intégrité et marcher dans la sainteté. Si le Seigneur bénit et que vous vivez dans le péché, c’est comme si le Seigneur vous détruisait. Pour goûter à la bénédiction du Seigneur, il importe donc de passer du temps dans la prière et de chercher le Seigneur de tout son cœur.
Qu’espérez-vous pour la Suisse romande par cette campagne d’évangélisation « The Turning », en octobre prochain ?
J’espère un grand réveil… et que vous pourrez nous aider à rejoindre d’autres pays avec ce mouvement. Je prie pour que Dieu agisse puissamment au travers de cet événement.
Propos recueillis par Serge Carrel, journaliste pour la Fédération romande d’Eglises évangéliques (FREE)