Hé Manu ! Tu descends ?
Et pour quoi faire ?
Bah, c’est ton destin !
Beaucoup se souviennent du sketch du trio comique des Inconnus caricaturant les dialogues de jeunes de banlieue, autrement appelés “jeunes de cité”. Cette interpellation me rappelle celle adressée à Zachée par Jésus alors que ce dernier traversait la ville de Jéricho, c’est en Luc 19:1-10 : “Zachée, descends vite ! Aujourd’hui, je dois m’arrêter chez toi”. Autrement dit, c’est ton destin qui est en jeu.
Le destin désigne, au moment présent, l’histoire future d’un être humain telle qu’elle est prédéfinie par une instance qui est considérée comme supérieure aux hommes. En traversant la ville de Jéricho, Jésus traverse aussi la vie de Zachée, contraction de l’hébreu “Zacharie” qui veut dire “l’Eternel s’est souvenu”.
Pourtant rien ne prédestine ce petit homme à susciter l’intérêt de Jésus. Cet homme riche de la ville de Jéricho n’a rien pour plaire. Il exerce une profession des plus méprisées à l’époque : il est péager, collecteur d’impôts. Dans l’Empire romain, c’était la personne, souvent issue du peuple conquis, préposée à la perception des impôts et des droits de passage sur les marchandises. De surcroît, Zachée est chef de ce que ses compatriotes n’hésitaient sûrement pas à appeler “la racaille”.
Cet homme, Zachée, peu apprécié de la ville de Jéricho, avait entendu parler de Jésus. Maintenant il veut à tout prix le voir, ne serait-ce que le temps d’un passage sous le sycomore où il vient de grimper. Il s’en donne les moyens, bravant les regards suspicieux de ceux et celles dont il avait soutiré quelque argent pour lui-même en même temps que pour les autorités occupantes. Comblé au plan matériel, il lui manque cependant l’essentiel, la reconnaissance et la considération personnelle.
Mais Jésus ne traverse pas cette ville de Jéricho au hasard. “Je DOIS m’arrêter…” insiste le Christ lorsqu’il interpelle publiquement Zachée accroché à son arbre. Ce “Il faut” dans la bouche de Jésus est employé pour l’essentiel de son utilisation dans les discours sur le Fils de l’Homme décrivant sa propre destinée faite de souffrances, de la croix, de la mort et de la résurrection. Ce terme est aussi employé au chapitre 3 de l’Évangile de Jean “Il faut que vous naissiez de nouveau”. Autrement dit, ces mots évoquent le destin, le passage obligé lié à la Mission du Christ, le Fils de l’Homme en vue de la conversion, de la nouvelle naissance.
Cette rencontre avec Jésus va bouleverser la vie de ce chef des impôts l’amenant à un changement radical de cap dans sa vie. Jésus traverse la ville de Jéricho, mais il entre chez Zachée pour changer son destin. La mission du Christ est de “redonner valeur” à ce qui n’en a plus, “redonner dignité” à ce qui est devenu vil. Jésus devait passer par là… Car c’est aussi son destin de Sauveur et Seigneur du monde comme de mon monde !
Résonner dans la Cité, c’est aussi appeler, comme Jésus, les hommes et les femmes qui s’accrochent aux arbres de leurs faux-semblants, de leurs illusions, de leurs superbes à descendre pour trouver auprès du Christ un sens renouvelé à leurs vies. C’est aussi le destin de l’Église !
Marc Derœux, Secrétaire général de la FEEBF