Pendant cette période où nos églises (bâtiments) ne peuvent plus rassembler, nous nous intéressons au vécu de nos communautés locales et aux choix qui y sont fait pour continuer à être Église.
Rencontre avec Christine Kling – pasteure Église de Gif sur Yvette
Pouvez-vous nous dire ce que vous mettez en place localement pour maintenir la communion fraternelle et continuer à être Église dans ce contexte de confinement ?
Nous sommes une petite église en grande banlieue parisienne, une église en redynamisation, avec 50% de nos activités tournées vers l’extérieur. Le confinement a donc un impact important et c’est un sujet de préoccupation pour le futur de notre église.
Notre congrégation – qui a grandi ces trois dernières années- comporte une 15aine d’adultes et une demi-douzaine d’enfants. C’est une congrégation très diverse avec des personnes récemment converties, d’autres chrétiennes depuis longtemps, des générations et des expériences de vie très différents. Dans le contexte de confinement, il m’a semblé que l’important était de maintenir et nourrir la communion fraternelle et donc de trouver un moyen technologique accessible à tous qui permettrait cela.
Qu’est ce qui a influencé ces choix ?
Encouragée par l’expérience des églises du Royaume Uni mais aussi riche d’une expérience de 10 années en téléworking en milieu international, j’ai opté pour un outil appelé ZOOM, outil que nous allons partager avec l’église de Morlaix. ZOOM est un outil de vidéoconférence, qui inclue de nombreuses fonctionnalités : partage d’écran, partage du son pour jouer une vidéo, outil de conversation etc. et il est accessible depuis un lien internet avec un PC, une tablette, un smartphone et on peut même appeler en audio seulement avec un téléphone fixe. C’est donc un outil accessible au plus grand nombre et sans complexité technologique. Son coût est faible avec un abonnement mensuel.
Nous sommes désormais une église « ZOOM », une église virtuelle où la communion fraternelle se poursuit. Nous allons peu à peu apprendre à utiliser l’outil, mais je pense à l’utiliser toute la semaine et pas seulement pour le culte.
Quelles sont les priorités pastorales auxquelles vous êtes confrontés ?
Les situations familiales sont très diverses : certains vivent le confinement comme un soulagement, une pause dans une vie professionnelle très stressante, pour d’autres au contraire c’est un nouveau stress devant s’adapter rapidement au télétravail, certains se rendent encore sur un lieu de travail et doivent utiliser les transports parisiens. Ceux qui font du télétravail doivent jongler entre travail et enfants. Il y a ensuite ceux qui sont en chômage technique ; ceux qui ne sont pas trop sûrs de leur avenir professionnel et enfin ceux qui sont seuls et les personnes âgées, vulnérables et coupées de leur famille. Nous avons également des missionnaires qui sont à l’école de langue. Des situations très diverses et nous allons essayer d’accompagner chacun. Pour l’instant nous n’avons aucune personne atteinte par le COVID-19
Je suis également aumônier en EHPAD, mais j’ai pour l’instant arrêté mes visites. Les personnes âgées en EHPAD sont en sécurité mais elles s’inquiètent pour leur famille et recherchent la prière : cultes et messes ayant été arrêtés.
Un dernier mot à laisser à nos lecteurs dans cette période si particulière ?
C’est une période compliquée, à nous pasteurs de trouver notre place, d’être à l’écoute, d’être présent aux besoins de chacun et de réinventer l’église, si besoin. J’ai trouvé intéressant que tous nous maintenions un culte dominical alors que tout le monde étant confiné, nous pourrions imaginer des cultes en semaine. Le confinement va bousculer les habitudes, et permettre d’établir d’autres liens, peut-être moins formels et plus authentiques.
Cette semaine j’ai encore une fois été encouragée par ces versets, qui sont les versets de mon baptême, en espérant qu’ils puissent aussi être source d’encouragement pour d’autres : Hébreux 12 :1-2 “Nous donc aussi, puisque nous sommes entourés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enlace si facilement, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est le pionnier de la foi et qui la porte à son accomplissement. Au lieu de la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix, méprisant la honte, et il s’est assis à la droite du trône de Dieu.”