Pendant cette période où nos églises (bâtiments) ne peuvent plus rassembler, nous nous intéressons au vécu de nos communautés locales et aux choix qui y sont fait pour continuer à être Église.
Rencontre avec Fabien Llinares – pasteur Église de Poitiers
Pouvez-vous nous dire ce que vous mettez en place localement pour maintenir la communion fraternelle et continuer à être Église dans ce contexte de confinement ?
La première des priorités a été de continuer un suivi pastoral de celles et ceux qui sont les plus vulnérables. C’est le cas de certaines personnes souffrant de maladies chronique, mais aussi de nos aînés, dont certains sont seuls. Nous avons choisi de favoriser le lien intergénérationnel et ce de trois façons :
Premièrement, le groupe de jeunes adultes s’est réparti les aînés et s’est engagé à les appeler, à prier avec eux au téléphone, mais aussi à nous faire part au conseil des difficultés rencontrées par ces derniers.
En second lieu, les enfants ont pour mission de faire des cartes et de les envoyer à nos aînés pour que ces derniers reçoivent des marques d’attention.
Enfin, le conseil appelle régulièrement l’ensemble de ces personnes pour prendre des nouvelles, et pour celles et ceux qui n’ont pas internet, nous portons les messages du dimanches format papier dans les boîtes aux lettres ou les envoyons par courrier.
La seconde priorité a été de ne pas devenir église morte et de trouver des idées pour faciliter les rencontres via les moyens modernes, mais aussi renforcer la communion avec des sujets de prières communs. Pour ce faire nous avons mis en place un document de prière, qui est envoyé à tous via le mail en début de semaine, mais aussi de courtes méditations tous les matins sur notre chaîne Youtube.
Nous avons aussi mis en place des sessions avec zoom. Nous avons ainsi une réunion de prière à deux horaires différents en semaine.
Nous avons créé une chaîne Youtube pour la diffusion d’un culte avec temps de louange. Ce temps de culte est suivi d’une rencontre de partage prière sur zoom
Les groupes de quartiers sont désormais sur zoom et les rencontres jeunes adultes aussi.
Nous continuons les prépa baptême avec le même moyen.
Qu’est ce qui a influencé ces choix ?
Il nous semblait important de ne pas passer en mode silencieux dans ce temps de confinement, mais aussi et surtout de stimuler les uns et les autres à vivre la communion fraternelle différemment. Nous avons choisi de saisir cette opportunité pour stimuler les uns et les autres au développement de leur relation avec Dieu, mais aussi au monde, avec la prise de conscience que notre rôle de sentinelle, n’implique pas forcément de se voir.
Quelles sont les priorités pastorales auxquelles vous êtes confrontés ?
Les personnes seules et vulnérables, sans famille et dont nous devons prendre grand soin.
C’est un défi que de pouvoir prendre des nouvelles de personnes qui ne verbalisent pas leurs besoins. L’absence de visibilité rend la perception des besoins moins facile.
Le soutien de celles et ceux qui sont soignants, commerçants ou bien engagés dans les forces de l’ordre est une réalité pour notre communauté. Nous nous devons de les soutenir, de les encourager, de les aider. Applaudir le soir à 20 heures est une bonne chose mais joindre les mains pour intercéder pour eux est, je le crois, une autre façon de les aider.
Un dernier mot à laisser à nos lecteurs dans cette période si particulière ?
C’est une période particulière que peu, pour ne pas dire personne, n’a vécu jusque-là. L’occasion de nous rappeler que nous sommes fragiles mais aussi de redécouvrir un Dieu puissant. C’est aussi l’occasion de parler avec nos voisins, coincés chez eux tout comme nous. L’occasion de faire du bien aux autres à distance, mais c’est aussi cela vivre l’Evangile.