Pendant cette période où nos églises (bâtiments) ne peuvent plus rassembler, nous nous intéressons au vécu de nos communautés locales et aux choix qui y sont fait pour continuer à être Église.

Rencontre avec Joëlle RAZANAJOHARY – pasteure Église de Metz

Pouvez-vous nous dire ce que vous mettez en place localement pour maintenir la communion fraternelle et continuer à être Église dans ce contexte de confinement ?

Nous avons immédiatement mis en place un premier culte en facebook live qui a été très bien accueilli. Mais plusieurs n’ayant pas de compte facebook et ne souhaitant pas en créer un, nous avons opté pour la solution de la chaine You Tube sur laquelle nous publions les vidéos du culte. Cette solution permet également de mettre en ligne de courts messages d’exhortation enregistrés par d’autres personnes responsables dans la communauté. J’ai également créé un groupe Whatsapp réservé aux membres et permettant à chacun de demander la prière du groupe ou de publier des motifs de reconnaissance. Ce groupe fonctionne très bien et nous avons eu la joie de recevoir des demandes de la part de personnes qui avaient quitté la communauté depuis longtemps.

J’envoie également chaque jour aux membres et amis quelques pages d’un livre que j’ai choisi pour la circonstance, Evelyne Zuber : ‘Lève-toi et va vers la vie. Bible et résilience’, pages auxquelles j’adjoins une trame de propositions de prière en trois temps ‘autour du texte, autour de la communauté, autour de la nation’. Chacun peut ainsi s’en servir ou pas.

Je suis également en train de créer une chaine d’accompagnement téléphonique en demandant à plusieurs personnes de contacter une ou deux autres personnes par semaine, selon les disponibilités, avec un objectif de partage fraternel pas forcément spirituel. Nous mettons ici l’accent sur les personnes seules ou en difficulté. Et j’essaie de mon côté d’appeler personnellement une dizaine de membres par semaine.

Qu’est-ce qui a influencé ces choix ?

Le besoin de rester en contact et de continuer le travail d’unité entrepris les mois passés a dicté des choix comme celui de la méditation commune du livre. Les ressources web de qualité ne manquent pas, mais comment reprendre notre vie commune après le confinement si chacun s’est nourri à gauche et à droite ?

Notre communauté redécouvre également la prière grâce au groupe WhatsApp et c’est une grâce de voir tant de personnes s’engager à prier alors que les réunions de prière attiraient peu de monde jusqu’à présent !

Quelles sont les priorités pastorales auxquelles vous êtes confrontés ?

L’écoute des personnes seules et/ou en difficulté grâce au téléphone est un défi pour moi qui aime les face à face. C’est en même temps un challenge pour les personnes elle-même puisque tout en ayant un pasteur avec elles, elles sont seules avec le seigneur ! C’est exaltant de vivre l’accompagnement pastoral uniquement sous cette forme-là.

Un dernier mot à laisser à nos lecteurs dans cette période si particulière ?

Il est bien connu aujourd’hui que l’idéogramme chinois pour le mot crise est composé de deux mots : opportunité et risque… Je suis émerveillée par l’incroyable opportunité de vivre l’église autrement que le Seigneur nous offre. N’ayons pas peur d’essayer des choses nouvelles, de prendre des risques (pas sanitaires, évidemment !) de tâtonner, de recommencer… Le temps s’y prête et Dieu, l’Esprit de vie, est créateur.