Pendant cette période où nos églises (bâtiments) ne peuvent plus rassembler, nous nous intéressons au vécu de nos communautés locales et aux choix qui y sont fait pour continuer à être Église.
Rencontre avec Samuel Alonso – pasteur Église de Cherbourg
Pouvez-vous nous dire ce que vous mettez en place localement pour maintenir la communion fraternelle et continuer à être Église dans ce contexte de confinement ?
Chaque personne qui fréquente l’Eglise, plus un certain nombre qui sont éloignées géographiquement reçoivent un long SMS quotidien de nouvelles et d’encouragement par le pasteur. Beaucoup y répondent, ce qui entraîne un grand nombre d’interactions. Nous avons encouragés les membres de la communauté à appeler 5 autres chrétiens chaque jour, pour échanger, prendre des nouvelles, prier. Beaucoup jouent le jeu, et ont même pu faire connaissance avec des personnes qu’ils ne connaissaient pas. Les nouvelles incluent les autres Églises de la Fédération et leurs pasteurs.
Une conséquence de ce SMS est que beaucoup de chrétiens envoient aux autres leurs propres lectures bibliques et les encouragements qu’ils ont pu recevoir.
Il y a aussi une présence renforcée sur Facebook, très présent dans la vie de beaucoup de membres. Cela permet de déceler ceux qui ne supportent plus le confinement et de se concentrer sur leur soutien. Et également de lutter contre les rumeurs.
Qu’est ce qui a influencé ces choix ?
Ayant connu des cas de Covid-19 dès le 6 Mars, une grande partie de l’Église a été placée en confinement strict, soit un peu moins de 40 personnes, avec trois cas déclarés. Très vite, en échangeant avec les responsables, il nous est apparu qu’il fallait tout faire pour que ce moment soit bien vécu par la communauté, et en particulier par les jeunes convertis (assez nombreux) et par ceux qui sont plus fragiles (personnes âgées, fragilités psychologiques). L’idée est que nous puissions tous nous retrouver à l’issue de cette crise, de serrer les rangs en faisant de l’épidémie une chance pour pouvoir vivre l’Église autrement pendant un temps.
Quelles sont les priorités pastorales auxquelles vous êtes confrontés ?
Le soutien de ceux qui défaillent. Nous en sommes à deux semaines de confinement pour l’Église, et certains n’en peuvent plus. Un ou deux ne respectent pas les consignes, souvent par exaspération ou pour des questions financières. Et nous le comprenons, tout en essayant de conduire à ce que notre témoignage soit bon. L’Église ayant connu les premiers cas du département, nous avons été très regardés. Nous avions conscience que notre comportement devait être exemplaire, pour ne pas laisser de place à un rejet de l’Évangile. Il semblerait que le résultat soit là, puisqu’après 15 jours, il n’y a pas eu d’autres cas dans l’Église.
Un dernier mot à laisser à nos lecteurs dans cette période si particulière ?
Ayant une semaine d’avance sur la plupart des Églises françaises, avec deux semaines de confinement, préparez-vous psychologiquement et spirituellement pour une crise qui dure, et qui va aller en s’amplifiant. Et plus que jamais, dans ce moment, nous pouvons expérimenter que l’Église de Jésus-Christ est basée sur le mot « allelous », « les uns les autres ». Quelle richesse de pouvoir en explorer de nouvelles dimensions, quelle joie de voir de tous jeunes chrétiens encourager des anciens dans la foi, mais quel défi aussi, pour le corps et chacun de ses membres !