Comment fonctionne votre Église depuis que nous sommes en confinement ?
Depuis le confinement, comme toutes les Églises, nous nous sommes organisés pour maintenir les liens les uns avec les autres. Les cultes sont enregistrés morceau par morceau, puis mixés et diffusés sur notre site web. Grâce aux outils de visioconférence, nos réunions de prière et d’étude biblique sont maintenues, les différents groupes d’activités fonctionnent et cela se passe relativement bien.
Quels sont les éléments positifs que vous relevez ?
D’abord, et ça n’a rien à voir avec la vie d’Église, beaucoup, dont moi-même, ont appris à utiliser ou à maîtriser mieux les outils de communication par internet (audioconférence, visioconférence). Mais plus sérieusement, en ayant encouragé l’utilisation de ces moyens de communication, j’ai beaucoup gagné en nombre de participants aux réunions. Par exemple, à notre réunion de prière mercredi dernier, nous étions plus d’une trentaine alors qu’habituellement cela tourne entre 15 et 20.
Quelles sont les principales difficultés rencontrées ?
La difficulté majeure, c’est la technique, la maîtrise des outils. Au début c’était difficile, surtout pour moi l’animateur, de faire circuler la parole d’un participant à l’autre, la difficulté pour les enregistrements, de regarder la caméra fixée sur la partie haute du corps, et la plupart du temps sur la tête, et d’exploiter en même temps le texte qu’on a préparé.
Et il y a aussi la frustration de ne pas pouvoir balayer du regard tout le monde en même temps, de sentir physiquement l’assemblé.
Envisagez-vous déjà l’après confinement ? et si oui… comment ?
Je me pose la question du maintien de certaines rencontres par visioconférence, notamment les études bibliques en semaine après le confinement, étant donné que la visioconférence me permet d’avoir plus de participants à ces réunions en semaine ! Le grand problème des Églises de la Région Île-de-France, c’est le temps passé dans les transports publics ou en voiture et la fatigue que cela engendre. Quand les frères et sœurs rentrent le soir, souvent tard, reprendre la voiture ou les transports publics pour se rendre à une réunion en semaine, n’est pas chose aisée pour eux. La visioconférence me paraît une alternative à cette difficulté. Mais si je dois opter pour cela, je demanderai l’avis de l’assemblée.
Un dernier mot à laisser à nos lecteurs dans cette période si particulière ?
Avec l’épreuve que traverse l’humanité, c’est le moment de laisser des prières d’espérance s’élever vers le ciel et de discerner les temps avec intelligence. Je veux exhorter tous, à avoir des sentiments d’humanité, à faire preuve d’hommes et de femmes remplis de sagesse, à ne pas relayer les messages apocalyptiques qui ne sont fondés que sur les tourments qui agitent leurs auteurs au fond d’eux-mêmes, et qui ne sont peut-être motivés que par leur propre désir de puissance, de règne sur les autres. Pour cela, prenons exemple sur le réformateur Martin Luther qui, confronté à la peste, écrit au révérend John Hess la lettre suivante (elle circule d’ailleurs sur internet), que j’invite tous à méditer :
« Je demanderai à Dieu par miséricorde de nous protéger. Ensuite, je vais enfumer, pour aider à purifier l’air, donner des médicaments et les prendre. J’éviterai les lieux, et les personnes, où ma présence n’est pas nécessaire pour ne pas être contaminé et aussi infliger et affecter les autres, pour ne pas causer leur mort par suite de ma négligence. Si Dieu veut me prendre, il me trouvera sûrement et j’aurai fait ce qu’il attendait de moi, sans être responsable ni de ma propre mort ni de la mort des autres. Si mon voisin a besoin de moi, je n’éviterai ni lieu ni personne, mais j’irai librement comme indiqué ci-dessus. Voyez, c’est une telle foi qui craint Dieu parce qu’elle n’est ni impétueuse ni téméraire et ne tente pas Dieu. »
Œuvres de Luther Volume 43 p. 132, la lettre, “Que l’on puisse fuir une peste mortelle“.